Michel Polnareff “Polnareff’s” [1971]

Michel Polnareff fait partie de ces artistes un peu hors normes dans tous les sens du terme. Et ce n’est pas cet album sorti en 1971 qui dira le contraire !

Album de la confirmation

Après être apparu en 1966 avec son génial Love Me Please Love Me et ses splendides tubes tels que “L’Amour Avec Toi“, “La Poupée qui Fait Non” et son inégalable morceau titre, Polnareff réédite le coup en 1968 avec “Le Bal des Laze” (le morceau titre là encore mais aussi “Le Roi des Fourmis“, “Âme Câline“, “Y’a qu’un Ch’veu“).

Troisième album du génial mélodiste, Polnareff arrive cette fois à faire plus qu’une simple collection de chansons. On dirait là que l’artiste a souhaité plutôt créer une sorte de paysage musical bâti sur une richesse mélodique forte, mélange de pop anglosaxonne et de musique classique. Les arrangements de cordes et de cuivres sont au top, la voix est sensuelle comme jamais, les textes toujours aussi accrocheurs et les tubes sont encore une fois au rendez-vous.

Parmi les classiques du répertoire de cet artiste alors à la pointe de son art on trouve “Né dans un ice-cream” et “Qui a tué grand’maman?” superbes compos qui prouvent que l’on peut faire du tube de radio tout en étant d’une richesse mélodique sans pareil.

Un cran au-dessus

Hormis Charles Aznavour, Serge Gainsbourg et Jacques Dutronc qui ont chacun leurs styles respectifs, il est évident que Michel Polnareff dépassait d’une coudée tous les autres grands artistes de l’époque. En effet et c’est peut être ce qui différencie notablement Polna de tous ses contemporains c’est cette extraordinaire versatilité à gérer la production entière de sa discographie, de l’écriture (en partie réalisée avec Jean-Louis Dabadie) aux enregistrements et arrangements qui embellissent le tout.

Ce genre de disque le prouve tant que tout semble d’une cohérence rare et d’une maîtrise parfaite. Quelques passages instrumentaux traversent l’album pour notre plus grand plaisir (l’intro “Voyages“, “Computer’s Dream“, “Mais Encore“) et démontrent tout le talent mélodique de Polnareff.

Touché par la grâce

Petite, Petite est une sorte de medley pastiche de quelques-uns des précédents titres de l’artiste, tour à tour chantés presque en chuchotant puis en voix haut perchée. En apparence anecdotique, ce titre se révèle d’une incroyable virtuosité tout comme le jazzy pop “Né dans un Ice-cream“. Plus épuré, “Qui a Tué Grand-Maman” n’en demeure pas moins un très beau moment gorgé d’émotion.

Hey You Woman” est un must qui à défaut d’avoir été un tube n’en est pas moins un formidable morceau de concert dont le refrain chanté en anglais par un chœur gospel est tout bonnement divin. “A Minuit, A Midi” est une balade touchée par la lumière divine dont les arrangements n’auraient pas fait tâche sur la bande originale de La Folie des Grandeurs.

Cette musique est celle du film de Gérard Oury sorti également en 1971 avec Yves Montand et Louis De Funès. Pour l’anecdote ce dernier dira lors d’une interview commune lors de la promotion du film que ce n’était “pas normal que la musique de Michel ne soit pas encore en vente au moment même où le film était en salles“. La scène est amusante car on y voit un Polnareff très timide légèrement en retrait remerciant chaleureusement un De Funès réellement enthousiaste sur le qualité de sa musique.

Composée en intégralité par Polnareff très peu de temps avant, cela se ressent sur son Polnareff’s. Ou plutôt non cela s’entend.

E D I T H  D E  N A N T E S

Tracklist :
01 Voyages (instrumental) (2:52)
02 Né dans un Ice-cream (3:22)
03 Petite, petite (3:20)
04 Computer’s Dream (instrumental) (4:16)
05 Le Désert n’est plus en Afrique (3:04)
06 Nos mots d’amour (3:13)
07 … Mais encore (instrumental) (2:15)
08 Qui a tué Grand’maman? (2:37)
09 Monsieur l’Abbé (3:30)
10 Hey You Woman 5:21)
11 À minuit, à midi (3:36)

→ Lien Wikipédia sur Michel Polnareff
https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Polnareff

→ Site officiel Compte Twitter
https://twitter.com/MICHELPOLNAREFF?ref_src=twsrc%5Egoogle%7Ctwcamp%5Eserp%7Ctwgr%5Eauthor

Indochine “Paradize” [2002]

Réduit au début des années 2000 au seul Nicola Sirkis (qui avait perdu son frère en 1999 en plein enregistrement de l’album Danceteria), c’est avec une nouvelle équipe qu’Indochine débute l’année 2002. 

Retour gagnant

Malgré une période de traversée du désert médiatique dans les années 90, le groupe s’était pourtant bonifié en quelques disques. Mais c’est l’album Paradize de 2002 qui le fit revenir définitivement sur le devant de la scène. Cela lui apporta une nouvelle génération de fans et une reconnaissance de la critique qui ne put que constater ce retour de forme qu’il n’était plus permis désormais d’ignorer.

Conçu comme une longue plage sonore (les titres s’enchaînent les uns les autres), composé de nombreux morceaux qui deviendront des classiques du groupe (le premier single “J’ai Demandé à la Lune” composé par Mickey 3D, “Punker“, “Marylin” pour ne citer qu’eux), Paradize surprend dès son introduction. Il en effet très étonnant de se dire que c’est ici le même groupe qui a écrit “3ème Sexe“, “Kao Bang“, “Des Fleurs Pour Salinger” et sans oublier le standard “L’Aventurier“, point d’orgue lors des concerts.

A la recherche de la mélodie ultime

Mélange de pop énergique et de rock industriel au service de mélodies accrocheuses, le style voulu par son leader sur cet opus est volontairement conçu comme l’inverse de ce qu’avait fait Indochine jusque-là et entrevu seulement sur Danceteria. Nicola Sirkis révélait à l’époque son souhait de composer des morceaux plutôt que des chansons, tout en étant constamment à la recherche d’une recette pour écrire des mélodies puissantes.

Cela se ressent particulièrement de bout en bout sur tout le disque, quinze titres très efficaces allant du pop/rock interprété sans bavure (“Electrastar”, “Mao Boy“, “Like A Monster“) à un son plus mélodique (“Le Manoir“, “Dark“). “Le Grand Secret” est un grand morceau, une ballade qui arrive au milieu du disque pour temporiser un peu cette fureur ambiante. L’album étant résolument péchu, on ne retrouvera cette ambiance un brin plus apaisée pour une seconde et dernière fois qu’à la toute fin du disque (“Un Singe en Hiver” compo de Jean-Louis Murat).

Enfin ce disque est fortement marqué par une certaine forme de spiritualité, de quête du sens de la vie, de sexualités qui se cherchent et autres formes de doutes existentiels. Cela en fait la bande son parfaite qu’une jeunesse d’alors (dont moi-même) adopta car se reconnaissant dans tous ces thèmes. Et qui explique l’importance de la part du public jeune dans les concerts du groupe.

Des suites logiques

Le double album qui suivra en 2005 Alice & June sera considéré comme une demi-suite de Paradize, ce dernier étant lui-même l’aboutissement d’une trilogie commencée presque dix ans avant avec Wax (et dont le son global était déjà très différent).

Le succès du groupe dont le personnel restera quasiment identique dans les années à venir ne se démentira plus. Ils seront le premier groupe de rock français à se produire au Stade de France et ce désormais à chaque tournée à partir de 2010 (voir le double album live Putain de Stade).

Indochine continuera longtemps après à reproduire le même coup artistique que sur ce disque en restant dans cet univers un brin ténébreux teinté de gothique scintillant.  Mais il faut bien le reconnaître : ce ne sera pas tout à fait le même genre de Paradize.

→ Lien Wikipédia sur
https://fr.wikipedia.org/wiki/Indochine_(groupe)

→ Site officiel
https://indo.fr/

(Ne Pas) Marcher à l’ombre

Petite réflexion personnelle…

Combien de fois ça m’est arrivé ? C’est impossible à calculer comme cela. Autant compter les feuilles dans un arbre. C’est une image que j’aime bien reprendre dans pas mal de propos, articles, etc. pour illustrer au mieux avec très peu de mots une image forte. Bien heureusement désormais je n’ai plus à raser les murs pour rester dans l’ombre.

Une petite explication linguistique

Lorsque l’on dit marcher à l’ombre on parle de quoi en fait ? Alors non il ne s’agit pas du film Marche à l’Ombre de Michel Blanc de 1984 ni de la chanson de Renaud de 1980…

Marcher à l’ombre est une expression qui désigne le fait de vouloir avancer tout en se cachant. C’est aussi curieux que cela se pratique facilement. En effet ce n’est guère compliqué. Il vous suffit de marcher discrètement sans qu’on vous remarque, en général de nuit par exemple.

C’est vraiment curieux. Cela me fait penser à moi il y a quelques années où la solitude et la pénombre étaient mes meilleures alliées. Parce que oui c’est cela qui constitue la fameuse ombre qui peut protéger autant qu’elle peut enfermer.

Des phases de rodage

Quand on pratique comme moi le travestissement en dehors de la sécurité de son salon, il est évident que les nombreuses premières fois ne sont pas forcément des parties de plaisir. Le danger règne ici-bas partout. Tout devient potentiellement une source de danger.

On n’a pas envie de se faire surprendre. Le côté interdit, l’aspect honteux, la réputation à protéger, etc. C’est normal autant que c’est frustrant. Quand un travesti éprouve le besoin de sortir de chez lui, il a besoin d’optimiser ses chances pour éviter tout type de désagrément fortuit qui pourrait lui être fatal. Faire une mauvaise rencontre ou tout simplement être vu de loin constituent des craintes qui peuvent tour à tour paralyser et abandonner toute envie de nouvelle expérience.

Qui plus est pas la peine de vous faire un dessin pour l’ensemble de mes consoeurs qui vivent dans des coins dits « à risques » : le travestissement que personnellement je pratique est impensable dans certains quartiers de grandes villes ou dans certains coins trop reculés de rase campagne. L’enfer c’est les autres comme disait Sartre.

Sortir de l’ombre

Je n’ai pas de solution miracle à proposer à mes consoeurs ou même à toute personne un brin originale par son physique et/ou son accoutrement. Pour sortir de l’ombre il n’y a peut-être que deux solutions qui peuvent fonctionner tout en se complétant : le mental et l’expérience.

Sans un puissant mental pas d’expérience possible. Et sans expérience le mental ne se renforcera pas. Donc pour évoluer il faut d’abord travailler sur soi, raisonner différemment pour pouvoir ensuite se donner les moyens de pouvoir vivre comme on le souhaite.

Viendra ensuite l’expérience. Car c’est en multipliant les sorties dans la lumière que l’espoir de pouvoir s’affranchir de l’ombre pourra se concrétiser de façon plus perceptible. Ce ne sera pas forcément une partie de plaisir. Mais c’est tout sauf impossible non plus. La vérité est quelque part au milieu. Mais on peut y arriver.

C’est là tout le mâle que je vous souhaite. Good Night. And Good Luck.

Prince “Diamonds & Pearls” [1991]

Tout comme son titre l’indique en partie, on se trouve là devant un petit bijou comme Prince peut en sortir de son chapeau pour mieux nous séduire.

Pas son premier succès loin de là

Après l’échec de Graffiti Bridge en 1990, sorte de mauvaise suite du génial Purple Rain qui était lui-même la BO du film du même nom, Prince se ressaisit et effectue un brillant retour de forme avec ce disque qui présente deux particularités que l’on trouve rarement ensemble sur les albums du Kid de Minneapolis : un contenu musical de grande qualité et des tubes à succès en nombre.

En effet depuis l’époque Purple Rain sorti en 1984 et ses singles 45 tours à succès (le morceau titre, “When Doves Cry“, “Let’s Go Crazy“…), on n’avait pas vu le génial nain pourpre réussir à réunir succès critique et populaire aussi marquant. “Kiss” en 1986 n’avait pas sauvé en termes de ventes le superbe album Parade dont il était extrait. Et le double Sign O’ The Times sorti l’année suivante considéré comme l’apogée de la carrière de Prince fera quant à lui un score honorable. Mais il lui manquera pour tout exploser quelques tubes percutants à la “Alphabet Street” ou encore “Batdance” (sortis eux après sur d’autres albums).

Prince pour tout le monde !

Diamonds & Pearls ravira les fans comme les néophytes. Personnellement ce fut le premier des albums princiers avec Parade que j’ai découvert. Le choix fut aussi hasardeux qu’heureux pour la suite. En effet cela rassura vite l’auditeur versatile que j’étais à l’époque. Vous savez le genre qui ne se risque à écouter un nouveau truc que lorsqu’il a la garantie que des titres connus y sont présents. Cela rassure toujours.

C’est en effet bien pratique pour en parler autour de soi. Oui car promouvoir un obscur disque de musique expérimentale comme le même artiste en a aussi produit est quelque peu délicat dans les conversations des dîners en ville. Et pourtant des albums comme les deux Madhouse, Xpectation ou N.E.W.S sont pourtant de très bonne facture…

Un son live

Ce quatorzième album marque aussi un changement dans la conception même de la musique de Prince. D’ordinaire peu enclin à enregistrer en studio avec quiconque que lui-même ou presque, il va laisser des marges de manœuvre bien plus grandes à son groupe. Ce groupe renouvelé pour l’occasion de musiciens, chanteurs et danseurs pour le début des années 90 sont les fameux NPG (les New Power Generation).

Et plutôt que de perdre du temps à les laisser enregistrer leurs parties chacun de leur côté, Prince réunit tout ce petit monde lors des sessions d’enregistrement où les titres sont joués en prise live comme en concert (d’où la différence notable du son princier entre fin 80 et cette période qui ouvre la décennie 90).

Le contenu

Enfin pour revenir au contenu en lui-même vous aurez le choix entre titres funk/rock (“Thunder“, “Live 4 Love“), jazzy (“Strollin’”) et pop : le morceau titre, “Money Don’t Matter 2-night“, “Cream” (tous sortis en singles). On y trouve aussi un savant mélange funk/rock/rap (le génial “Gett Off“, N°1 en octobre 1991) ou encore soul (“Walk Don’t Walk“, “Willing & Able“).

Une suite sera très vite réalisée car produite presque en même temps : le fameux album Symbol en 1992. Malgré un paquet de bons titres du meilleur cru (“Sexy MF“, “The Continental“), celui-ci ne sera pas aussi uniforme et surtout un peu moins inspiré que son prédécesseur. Mais ça une autre histoire.

En effet ce sera le début du long bras de fer avec la compagnie de disques Warner et Prince. Cette mésentente légendaire le poussera à changer de nom en se faisant appeler tour à tour Love Symbol, The Artist ou encore TAFKAP (pour “The Artist Formely Knows As Prince“).

Souvent jugée ostentatoire, présomptueuse et ridicule, cette technique combinée au fait de ne plus apparaître dans les clips vidéo étaient en filigrane une technique pour protéger ses droits sur toutes ses nouvelles productions à venir. Période dans laquelle il se perdra un peu malgré des fulgurances (Come, The Gold Experience, le triple album Emancipation). Avant de revenir en grande forme dans les années 2000 (The Rainbow Chidren, 3121, Lotus Flower).

Prince est mort. Mais avec ce grand disque on peut en douter sérieusement. Longue vie au Prince !

Tracklist :
01. Thunder (5:45)
02. Daddy Pop (5:17)
03. Diamonds and Pearls (4:45)
04. Cream (4:13)
05. Strollin’ (3:47)
06. Willing and Able (5:00)
07. Gett Off (4:31)
08. Walk Don’t Walk (3:07)
09. Jughead (4:57)
10. Money Don’t Matter 2 Night (4:46)
11. Push (5:53)
12. Insatiable (6:39)
13. Live 4 Love (6:59)

E D I T H D E N A N T E S

→ Lien Wikipédia sur Prince
https://fr.wikipedia.org/wiki/Prince_(musicien)

→ Site officiel (eh oui il n’est pas mort. En tout cas pas sur le web !)
https://www.prince.com/

“Joker” [2019]

Assurément un des films coup de poing de l’année. Dans tous les sens du terme.

Grand film

Le réalisateur américain de Joker n’est ni plus ni moins que Todd Phillips. Oui c’est bien le même qui jusqu’ici avait versé (avec réussite) dans la comédie (la trilogie Very Bad Trip) ou dans le thriller War Dogs qui malgré son histoire véridique comportait une bonne dose d’humour. Humour noir certes mais humour quand même.

Ici dans Joker on aura du mal à trouver le même type de traitement tant la forme et le fond sont résolument tragiques. Il règne en effet une tension palpable de bout en bout dans cette claque de deux heures d’une descente aux enfers individuelle, le tout sur fond de révolte latente d’une société entière qui n’attend qu’une étincelle pour s’embrasser.

Le rôle-titre étant directement tiré de l’univers des comics, il est donc normal de retrouver des éléments de l’univers Batman dans son intrigue principale. Mais tout du long on n’a que peu l’impression d’être dans un film adapté des aventures du Chevalier Noir. Certes Joker raconte la genèse d’un des antagonistes les plus mémorables du cinéma et de l’univers Batman. Mais cette histoire peut se regarder et surtout s’apprécier même si vous n’avez que peu de connaissances et/ou d’attirance pour cet univers de supers héros comme de leurs adversaires hauts en couleurs et forcément relativement charismatiques pour beaucoup d’entre-eux.

Grande interprétation

Et que dire de la performance qui fera date de Joachim Phoenix (La Nuit Nous Appartient, Two Lovers, Her, The Sisters Brothers…) décidément abonné aux grands rôles?

Succédant à une longue suite d’acteurs qui ont tous livrés des performances du personnage propres à leurs jeux personnels et aux scénarios de différents films respectifs, Phoenix livre ici une partition incroyable de sincérité et d’une bouleversante crédibilité. On a rarement interprété la tourmente, le mal-être et la folie de façon si criante et si mémorable.

Comme l’étaient à leur époque des films notables comme Orange Mécanique ou Taxi Driver, c’est à la fois un spectacle qui dérange tout autant qu’il fascine. Jamais dans la surenchère, le personnage va peu à peu se déshumaniser à force de se prendre d’innombrables coups de la vie et de perpétuellement se redécouvrir. A tel point que l’on ne sait jamais pendant très longtemps où est la limite finale qui le fera définitivement basculer vers le côté obscur.

Ce personnage décidément hors normes du pire ennemi de Batman n’en finit pas de dérouter tant son évolution d’humain à créature nous entraîne dans une vertigineuse descente jusqu’aux tréfonds d’une âme tourmentée qui n’arrive jamais à trouver un éventuel salut ou même une simple échappatoire.

Qui est le vrai méchant dans l’histoire ?

Sans trop vous gâcher le plaisir si vous ne l’avez pas vu, on peut néanmoins insister sur l’aspect incroyablement pesant de l’ambiance générale qui règne sur le dernier tiers du film. On y découvre la folie criminelle naissante du Joker bien évidemment et qui apparaît par touches de façon particulièrement crue. Dans des gestes mais aussi dans des raisonnements qui interpellent forcément le spectateur et la spectatrice. Et cela force à se poser quelques questions : quelle est la vraie nature du Bien et du Mal, de la Lumière et de l’Ombre, de la Raison et de la Folie.

Le discours du film tend alors à se révéler plus noir, rendant l’atmosphère encore plus sombre. On atteint alors une forme de paroxysme cérébral comme on en avait plus vu depuis longtemps au cinéma. A se demander qui est le vrai méchant dans cette histoire. La société ? Ou les monstres qu’elle engendre ?

En somme Joker est peut-être le film le plus fasciste depuis l’extraordinaire Fight Club de David Fincher en 1999. Depuis ce film il n’y avait pas vraiment eu d’autre œuvre plus marquante sur ce type de thématique d’individus dressés les uns contre les autres au sein d’une société en plein déliquescence.

Même d’autres grands réalisateurs comme Nolan n’y étaient pas complétement parvenus. Les deux derniers volets de sa trilogie Dark Knight (où était présent un Joker magistralement interprété par le regretté Heath Ledger) étaient pourtant fortement imprégnés par un aspect qui flirtait avec le malaise d’une société corrompue et un certaine sentiement d’insurrection générale. Là aussi menée par un petit nombre d’individus très déterminés face à une majorité d’autres complétement dépassée par les événements (The Dark Knight Rises).

Une chose est sûre : comme son personnage principal, vous sortirez forcément un peu sécoué(e) de de cette expérience pure de cinéma. Une œuvre de ce calibre ne peut se digérer aussi vite que fumer une simple cigarette. Un conseil : allez boire une bière après.

E D I T H D E N A N T E S

→ Lien Wikipédia sur le film
https://fr.wikipedia.org/wiki/Joker_(film,_2019)

→ Un autre sur l’univers Batman DC Comics (section des antagonistes dont le Joker)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Batman#Ennemis

Quai d’Orsay [2010]

Une bande dessinée savoureuse à l’humour tordant, souvent sarcastique et toujours d’une infinie justesse. Parue en deux tomes en 2010 et 2011, cette œuvre de fiction n’en est pas vraiment une en fait. Petit coup de projecteur sur ses origines, ses personnages hauts en couleur et son intrigue.

Une expérience au ministère des Affaires étrangères

Pour les néophytes il faut tout d’abord savoir que le Quai d’Orsay désigne le siège du Ministère des Affaire étrangères français, situé à Paris le long du quai du même nom qui borde la Seine. L’un des deux auteurs de cette remarquable bande dessinée n’est d’autre qu’un ancien diplomate qui a œuvré au sein de ce prestigieux établissement : il s’agit d’Antonin Baudry qui sous le pseudonyme d’Abel Lanzac signe ce scénario qui se décline en deux volumes.

Le dessin est quant à lui assuré par Christophe Blain à qui on doit aussi les bandes dessinées Isaac le Pirate et Gus, séries toutes deux antérieures à Quai d’Orsay. Une adaptation cinématographie de cette bd a été faite par Bertrand Blier en 2012. Si le film est loin d’être mauvais, il faut tout de même reconnaître que le résultat final n’est pas aussi brillant que l’original papier.

Des personnages atypiques

Dans Quai d’Orsay nous suivons les mésaventures d’Arthur, jeune conseiller sans aucune expérience de la diplomatie ainsi que de la fonction publique d’Etat. Cela va évidemment lui jouer des tours. Mais il possède néanmoins un bon esprit de synthèse et arrive (non sans mal) à s’investir dans des tâches complexes et ce même lorsque tous les événements ont l’air de se liguer contre lui. On découvre alors non sans un certain plaisir jouissif les coulisses de cette vénérable institution.

Dès le début de l’histoire intervient le personnage un brin rocambolesque et terriblement grandiloquent d’Alexandre Taillard de Vorms, ministre à la taille aussi haute que son verbe et avatar flagrant de Dominique de Villepin. Ce dernier fut l’ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac sous le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin entre 2002 et 2004.

Il existe grâce au coup de crayon de Blain une certaine ressemblance physique entre les deux personnages. Mais c’est surtout par sa prose, ses envolées, ses idées, ses sautes d’humeur et ses répliques aussi caustiques que cinglantes que la magie opère et que le réel et le fictif se croisent pour notre plus grand plaisir.

La guerre en Irak en toile de fond

Les auteurs ont situé l’action dans la période qui a précédé le début de la seconde guerre d’Irak de 2003. Ce pays est ici symbolisé par le Royaume du Lousdem, accusé par l’administration américaine en place de développer un programme d’armes de destruction massive. Tout l’enjeu pour la diplomatie française va être d’éviter une guerre qui sera selon le ministre “la mère de tous les conflits à venir“…

On y aperçoit d’ailleurs brièvement un autre avatar de diplomate. Il s’agit du secrétaire d’Etat américain à la Défense de cette époque (inspiré directement de Colin Powell) ainsi que l’ancien président américain George W. Bush et l’ancien président de la République Jacques Chirac (et avec lequel le ministre entretient une relation de forte connivence).

Héraclite, Mao et Hergé

Le personnage du ministre à lui seul est un peu l’étendard de l’œuvre, sa simple présence dans une pièce et ses (rares) silences étant toujours aussi éloquents que lorsqu’il se lance dans une de ses envolées lyriques dont il a le secret. Grand amateur de Lettres, il peut passer avec une facilité déconcertante d’Héraclite à Mao en passant par Hergé (la séquence où il évoque les aventures de Tintin à ses conseillers déprimés est tout simplement jubilatoire).

L’histoire suit d’abord Arthur, puis se concentre par moments uniquement sur le ministre. Surtout lorsque ce dernier se trouve dans des situations où le secret d’Etat prend le dessus. Le personnage d’Arthur et du ministre ne se croisent pas toujours, le ministère étant aussi le lieu de travail de toute une sorte de petite cour qui tourne autour d’eux. Et elle vaut le détour également. Coups bas, bons mots qui fusent, vannes sarcastiques rythment le quotidien souvent imprévu de ce vivier de matière grise qui a toujours un train de retard sur les raisonnements de leur bouillant chef.

Les langages

Le travail d’Arthur est simple mais délicat : la rédaction des “langages”. Soit toute la communication officielle du ministre. Il peut s’agit de discours officiels à l’étranger, de simples communiqués destinés à la presse lors d’une crise internationale ou autre événement de politique politicienne qui s’en approche.

Cela donne très souvent lieu à d’irrésistibles réunions informelles plus ou moins improvisées où les différents acteurs et actrices s’étripent cordialement sur une simple inversion de mots ou un vague synonyme “qui peuvent déclencher une crise internationale” selon Arthur.

Une énorme part du comique de situation découle de ces satanés langages. Ils provoquent à chaque fois l’impatience du ministre, lassé d’attendre que son discours soit prêt à temps mais aussi la relative inquiétude de son jeune conseiller qui doit s’y reprendre à de très nombreuses reprises pour que les versions finales soient millimétrées au poil pour son N+1.

Cela nous ressemble en fait

Bref on n’a pas le temps de s’ennuyer dans cette histoire où ces individus ne comptent plus leurs heures, où ils passent à côté de leur vie personnelle ou encore se retrouvent dans des situations qui n’ont rien à envier au monde du travail entre guillemets plus conventionnel.

A titre de comparaison cela me rappelle une expérience professionnelle que j’ai vécu personnellement pendant quelques années. Pas au service de la diplomatie de mon pays mais dans un cabinet de gestion immobilière. Le parallèle est même assez saisissant entre ces deux mondes : une activité permanente qui ne s’arrête jamais, une tension certaine, des bons mots entre équipes et collègues, des commentaires vachards et surtout… une tendance obsessionnelle à soigner en permanence les fameux langages avec la clientèle pour ne pas froisser cette dernière.

Un courrier, un mail, une conversation anodine… Tout devient un piège potentiel, un terrain miné, un conflit larvé qui n’attend souvent qu’une étincelle pour exploser. En fait Quai d’Orsay c’est un peu partout que cela existe. C’est un peu eux, et c’est un peu beaucoup nous.

→ Plus d’infos sur la série Quai d’Orsay
https://fr.wikipedia.org/wiki/Quai_d%27Orsay_(bande_dessinée)

→ Site officiel du Ministère des Affaires étrangères
https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/

Once Upon A Time In Hollywood [2019]

Si on comptabilise les deux Kill Bill comme deux films, Once Upon A Time In Hollywood est le dixième long métrage de Quentin Tarantino (contrairement à l’affiche officielle qui elle mentionne qu’il s’agit de son neuvième). Il est sorti au cinéma trois ans après Les Huit Salopards en 2016.

Encore une fois le réalisateur nous conte une de ces histoires originales dont il a le secret et qui est en lien direct avec son métier de cinéaste. Tarantino a toujours en effet eu un gros penchant pour parler dans ses films du cinéma et plus globalement du monde professionnel de l’image.

Il le fait soit de façon discrète comme la conversation entre John Travolta et Samuel L. Jackson sur les pilotes de séries télé dans Pulp Fiction ou celle entre les filles dans le restaurant dans Boulevard de la Mort. Soit de façon plus importante comme dans Inglourious Basterds où une partie entière de l’intrigue se déroule dans un cinéma d’époque en période de guerre sous l’Occupation.

Une tranche de vie

Ici Tarantino a choisi de nous délivrer une tranche de vie extraite du Hollywood de la fin des années 60, industrie cinématographique à part entière alors en pleine mutation tout comme la société américaine de l’époque qui est alors en plein flower power.

Son intrigue se concentre sur un duo en apparence un peu superficiel mais qui se révèlera comme un excellent ressort comique : une star de télévision un brin égocentrique qui commence à devenir sérieusement has been (excellent Leonardo DiCaprio) et son pote à tout faire un brin blasé de tout qui lui sert accessoirement de doublure cascades (désopilant Brad Pitt). Les deux comparses peinent à trouver leur place dans leur branche mais aussi dans un monde en évolution (ils n’apprécient guère le mouvement hippie qui est alors à son apogée).  

En parallèle on découvre par intermittence une seconde histoire introduite lorsque Rick Dalton (DiCaprio) s’aperçoit que son nouveau voisin immédiat n’est autre que Roman Polanski, alors jeune réalisateur en vogue et dont la femme de l’époque Sharon Tate (interprétée par une magnifique Margot Robbie) sera sauvagement assassinée ainsi que ses amis par des adeptes de la secte de la “Famille Manson” en août 1969.

Je ne vais pas plus loin car je risque de vous spoiler l’histoire si vous n’avez pas vu le film. Mais sachez d’avance que comme c’était le cas pour Inglourious Basterds, Tarantino s’est pris au jeu de réviser la vraie Histoire à sa sauce. Néanmoins cette technique n’enlève rien au cachet global du film et ce même lorsque le réalisateur prend ce tournant. Parti pris osé et qui a créé avant la sortie du film une petite polémique quand on connait la nature exacte de ces tragiques événements.

Un scénario bien ficelé truffé de gags savoureux

Once Upon A Time In Hollywood n’en reste pas moins un très bon film. Car il a été très bien écrit en amont, bien tourné et interprété par des acteurs au diapason habités par leur rôle : les deux héros notamment (chacun dans leur style) mais aussi les apparitions furtives des habitués de la bande à Tarantino comme Michael Madsen, Kurt Russel et Zoe Bell pour ne citer qu’eux. L’ensemble fonctionne à plein sans jamais lasser ou agacer.

Même si on ne connaît pas les tenants et aboutissants de cette sordide histoire, on peut néanmoins très bien apprécier ce film. La véritable histoire ne va servir que de trame de fond. En parallèle au récit principal, le film prend une seconde direction lors d’une intrigue qui va monter crescendo au fur à mesure des 161 minutes du film. Temps qu’on ne voit pas passer d’ailleurs tant son rythme est parfait. A l’inverse de la démesure sanguinaire d’un Kill Bill Volume 1, assurément le film le plus contemplatif depuis Jackie Brown sorti il y a tout juste vingt ans.

Cette comédie où les gags ne sont pas forcément là où on pense se déguste tout comme les héros se lâchent sur des cocktails très variés et pas que dans d’envoûtantes fêtes mondaines. A noter au passage la superbe séquence de la fiesta au Manoir Playboy (où apparait notamment un Steve McQueen désabusé interprété par Damian Lewis). Cette dernière est un instantané parfait de cette époque folle alors encore en pleine insouciance. Il s’agit entre autres d’une des meilleures images qui restent de ce film quand on y repense bien après.

Pas de spoil mais des liens

Je vous mets en lien quelques informations concernant les faits mentionnés dans l’article afin d’en savoir plus sur les tragiques événements dont s’est en grande partie inspiré le film. Comme précisé juste avant ces derniers peuvent en partie vous spoiler ce long métrage si vous ne l’avez pas encore vu.

A l’inverse vous pouvez aussi vous renseigner sur ces faits pour (entre guillemets) en apprécier les subtilités lors du visionnage de Once Upon A Time In Hollywood. Mais je vous aurai prévenu : âmes sensibles s’abstenir.

E D I T H D E N A N T E S

→ Lien wikipédia sur le film
https://fr.wikipedia.org/wiki/Once_Upon_a_Time…in_Hollywood

→ Informations sur l’assassinat du 9 août 1969 perpétré par des membres de la Famille Manson
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sharon_Tate#Assassinat_par_la_«Famille»_Manson

→ Article sur Jackie Brown sur E D I T H D E N A N T E S
https://edithdenantes.com/index.php/2019/09/23/jackie-brown-1997/

Réagir dans l’Instant

Une réflexion sur le fait de réagir par impulsivité suite à une moquerie.

Lorsque l’on est sujet à moquerie il y a toujours un bref laps de temps très furtif qu’il faut savoir capter et plus important, maîtriser. Comment en effet ne pas se laisser aller à l’emportement le plus soudain lorsque votre égo et votre honneur sont en jeu ?

C’est tout sauf simple. Deux visions des choses s’opposent : faut-il ne rien dire ou faut-il répliquer ? Faut-il dans ce second cas le faire avec force ou en finesse ? Faut-il aller sur le même terrain que votre ennemi ou faut-il le dérouter en l’emmenant sur le vôtre ? Et plus grave : pendant que vous vous posez toutes ces questions, il est probable que la situation vous échappe déjà.

Etre original.e c’est pas un sacerdoce

Que vous soyez une personne un brin originale qui attire les regards comme moi ou non, avouez que c’est toujours agaçant lorsque vous êtes sujet à moquerie. Même en ayant le meilleur mental possible, même en étant quelqu’un de calme et apaisé, même en relativisant les faits en vous disant que votre adversaire est plus bête que vous, il y a parfois rien à faire. Cela ne peut vous laisser tout à fait indifférent.e.

Cela est d’autant plus frustrant lorsque bien évidemment cela vous arrive par surprise. On ne s’attend jamais complètement à subir une agression. Quelle qu’elle soit. Alors dans le cas d’une moquerie c’est évidemment moins grave qu’une violence physique puisque l’on ne risque normalement pas d’avoir de séquelles corporelles. Mais cela ne veut pas dire que le mal en est moins fort. Les mots peuvent bien plus blesser que les coups.

Des réactions prévisibles

Autre possibilité pour mieux gérer la situation : lorsque cette dernière est prévisible. En tant que travesti qui s’assume et qui peut se balader (à peu près) où bon lui semble, il est évident que de temps en temps je m’expose au feu de petits mots pas très cordiaux et relativement détestables d’individus qui le sont tout autant. Ce sont ces derniers qu’il faut savoir repérer avant d’être vu.e.

Par exemple lorsque je fais une sortie je fais toujours attention à tout un tas de choses. Les endroits où je vais, mes arrières, les gens que je croise, les voitures qui passent à mon niveau, les gens dans les files d’attentes, etc.

Minimiser les conflits

Lorsque je suis avec quelqu’un d’autre je relâche un peu en vigilance car j’estime qu’au sein d’un groupe il existe une sorte de bienveillance mutuelle (quelqu’un qui regarde toujours ce qui se passe un peu plus loin, un.e autre qui ferme la marche, etc.). Mais pour avoir la paix il faut quand même faire gaffe à pas mal de trucs. Pour des personnes comme moi cela limite la multiplication de situations compliquées (à défaut de ne plus en rencontrer).

Alors oui vous me direz que vivre ainsi ce n’est pas vraiment vivre. Passer sa vie à surveiller tout ce qui se passe et appréhender en permanence la prochaine altercation n’est pas conçu pour tout le monde. Et surtout pas pour les petits cœurs fragiles si vous avez tendance à trop verser dans l’émotion et/ou si vous êtes cardiaque.

A cela je dis tout simplement non. Car vivre de la sorte ce n’est pas vivre. Donc je vis quand même en dépit de certaines contrariétés prévisibles. Et vivre c’est foutrement bien plus important que quelques sarcasmes de personnes crasses qui vous entourent. 

→ Un petit lien instructif
https://fr.wikipedia.org/wiki/Impulsivité

→ Vidéo “Les Ennemis du Travesti #01 : Les Moqueurs”
https://www.youtube.com/watch?v=1MtwJLXAx3c

Stevie Wonder “Songs In The Key Of Life” [1976]

Chronique de l’abum de Stevie Wonder “Songs In The Key Of Life” [1976]

Le double album Songs In The Key Of Life qui sort en 1976 est considéré comme le sommet artistique de la carrière de Stevie Wonder. Deux heures de musique sans fausse note et qui touche au sublime sans jamais lasser. Même (déjà) quarante ans plus tard !

Un chef-d’œuvre assurément

Pourquoi parler ici de chef-d’œuvre ? D’abord parce que Wonder est à l’époque un musicien hors pair, doté d’une inspiration si simple et si touchante qu’elle renverse tout sur son passage. Il avait déjà marqué les esprits et inondé les ondes avec d’autres albums et de gros tubes comme Uptight“, Never Has A Dream Come True” ou encore Superstition” où il avait notamment inventé presque par mégarde la notion de “riff” de synthé. Et Songs In The Key Of Life est le dernier d’une série de cinq albums de l’époque tous meilleurs les uns que les autres.

Composé quasiment seul, joué en grande partie par le seul Stevie Wonder malgré qu’il soit aveugle (il a toujours considéré son handicap comme une force plutôt qu’un frein), ce double album transpire la joie de vivre et la bonne humeur résolument positive même si les sujets abordés ne sont pas forcément tous légers.

On y trouve souvent une sorte de ferveur religieuse, presque christique, de son auteur. Wonder semble être possédé par sa propre musique pour mieux la faire vibrer par sa seule force et par le caractère quasi universel des messages transmis (la joie d’une naissance, le retour du Messie sur Terre, l’amour, la paix, etc.).

Un savant mélange

Les musiques de ce disque mélangent tous les genres, allant de la fusion entre les styles de l’époque que l’on considéraient comme étant plutôt des sons dits “blancs” ou des sons dits “noirs”. C’est une pop teintée de gospel, de soul et de funk où les cuivres et les synthés sont largement mis à l’honneur.

Ballades qui tuent (“Knocks Me Off My Feet”, Ngiculeda“), prêches incandescents (Black Man”, la seconde moitié de “As“) et morceaux de bravoure (Contusion”, “Another Star”), tout y est ! Et bien sûr Stevie n’oublie pas d’écrire quelques magnifiques tubes qui sont reconnaissables dès les premières notes et qui peuvent retourner n’importe quel dancefloor (Isn’t She Lovely”, “Sir Duke”, “I Wish”).

Fantastique source d’inspiration

Enfin il s’agit d’un album qui fut pour beaucoup une fantastique source d’inspiration plus ou moins assumée et respectée à sa juste valeur. Parmi les meilleurs disciples on pourra toujours noter le bon reboot de Will Smith sur I Wish” pour la BO du film Wild Wild West, la remarquable reprise gospel de George Michael / Mary J. Blige As” et l’intéressante relecture de Bob Sinclar qui sample (largement) Another Star” pour l’offrir à Salomé de Bahia (Outro Lugar“).

Parmi les cancres de services, on notera la reprise surestimée de Pastime Paradise” en Gangsta Paradise” de Coolio. Pour l’anecdote en effet ce dernier ne sut même pas reconnaître le titre original lors d’un blind-test organisé dans l’émission Tout le monde en parle de Thierry Ardisson !

Un must donc. Qu’on pourra toujours plus ou moins copier hein. Mais égaler ça c’est un peu moins certain !

Tracklist :
Disque 1
01. Love’s in Need of Love Today (7:05)
02. Have a Talk With God (2:42)
03. Village Ghetto Land (3:25)
04. Contusion (3:45)
05. Sir Duke (3:52)
06. I Wish (4:12)
07. Knocks Me Off My Feet (3:36)
08. Pastime Paradise (3:30)
09. Summer Soft (4:14)
10. Ordinary Pain (6:23)

Disque 2
01. Isn’t She Lovely (6:33)
02. Joy Inside My Tears (6:29)
03. Black Man (5:56)
04. Ngiculela – Es Una Historia – I Am Singing (3:49)
05. If It’s Magic (3:11)
06. Ngiculela – Es Una Historia – I Am Singing (3:49)
07. If It’s Magic (3:11)
08. As (7:07)
09. Another Star (8:01)
10. Saturn (4:54)
11. Ebony Eyes (4:08)
12. All Day Sucker (5:05)
13. Easy Goin’ Evening (My Mama’s Call) (3:56)

→ Lien Wikipédia biographie Stevie Wonder
https://fr.wikipedia.org/wiki/Stevie_Wonder

→ Site officiel
http://www.steviewonder.net/

Munich et la Bavière

Ah la Bavière ! Ah Munich ! Pays de la bière et de la saucisse ! Mais pas que heureusement !

Un peu d’Histoire

La Bavière est un cas un peu à part dans l’Histoire de l’Allemagne : ce fut un des derniers états allemands à se soumettre à l’autorité de l’ancienne Prusse au XIXème siècle. Ce rattachement fut définitivement entériné se concrétisera lors de la proclamation de l’empire allemand en 1871 à Versailles.

Cela se fit aux dépends de la France lors de la guerre franco-prussienne de 1870 et qui avait servi de prétexte à la Prusse pour unifier tous les autres états restants du futur empire tel que la Bavière. Cette partie de l’Allemagne fière s’est toujours plus ou moins considérée comme sensiblement différente du reste du pays telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Un coin dynamique

Cette contrée du sud du pays est le lander le plus prospère et le plus dynamique des états allemands. Cela se sent dès que vous débarquez à l’aéroport et que vous empruntez une portion d’autoban (l’autoroute) si vous prenez la navette pour vous rendre dans München (Munich). Les belles voitures sont omniprésentes et il n’est pas rare de croiser bon nombre de modèles qui font tourner la tête à chaque coin de rue ou presque. C’est du détail pour fans de bagnoles me direz-vous mais cela en dit long sur l’endroit où vous êtes.

La ville en elle-même possède un beau centre-ville historique, certes moins impressionnant car un peu plus petit que celui de Vienne en Autriche mais néanmoins très beau. Et vous aurez peut être du mal à choisir entre les innombrables biergartens pour vous y poser.

Un pays de cocagne

La Bavière m’a fait penser à d’autres endroits situés dans cette partie de l’Europe continentale telles que l’Autriche qui est toute proche, l’Italie du Nord et la Suisse. Un pays de cocagne où règne une paix sociale et où les habitants sont accueillants. Bon après si l’on voit cela uniquement avec nos yeux de touristes on ne voit toujours que les qualités des endroits que l’on visite. On sait pertinemment par avance que l’on ne va pas y rester puisqu’on ne fait qu’y passer. N’empêche : il y a aussi des coins où on aimerait bien y rester un peu plus longtemps.

J’ai eu par ailleurs l’occasion d’aller faire un tour avec mes amis dans un endroit magnifique appelé Andechs. C’est un petit bourg situé en bordure d’un lac où les Alpes sont visibles au loin. On y trouve une abbaye d’art roman de toute beauté et… une taverne avec vue imprenable sur les champs alentours. Un pays de cocagne comme on les aime.

Je n’ai pas eu le temps d’aller voir le fameux château de Neuschwanstein qui a inspiré à Walt Disney son célèbre château de la Belle au Bois Dormant. Il se situe encore un peu plus au Sud près de la frontière autrichienne.

Bref je vous recommande tout particulièrement d’aller faire un tour à l’occasion en Bavière. J’en garde un souvenir tout particulièrement bon que je tenais à vous faire partager ici. Je tiens au passage à remercier chaleureusement mes amis Romain et Sonja qui m’ont hébergée pendant une semaine lors de l’été 2016 et qui du coup m’ont permis de découvrir ce charmant coin et – accessoirement – de faire ce papier aujourd’hui.

Le must pour moi comme pour vous : pouvoir y aller en septembre pour participer à la fête de la Bière plus connue localement et internationalement sous le nom d’Oktober Fest

→ Lien Wikipédia sur la Bavière
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bavière

→ Un autre sur la ville de Munich
https://fr.wikipedia.org/wiki/Munich

→ un dernier sur la ville d’Andechs
https://fr.wikipedia.org/wiki/Andechs