Prince “Diamonds & Pearls” [1991]

Tout comme son titre l’indique en partie, on se trouve là devant un petit bijou comme Prince peut en sortir de son chapeau pour mieux nous séduire.

Pas son premier succès loin de là

Après l’échec de Graffiti Bridge en 1990, sorte de mauvaise suite du génial Purple Rain qui était lui-même la BO du film du même nom, Prince se ressaisit et effectue un brillant retour de forme avec ce disque qui présente deux particularités que l’on trouve rarement ensemble sur les albums du Kid de Minneapolis : un contenu musical de grande qualité et des tubes à succès en nombre.

En effet depuis l’époque Purple Rain sorti en 1984 et ses singles 45 tours à succès (le morceau titre, “When Doves Cry“, “Let’s Go Crazy“…), on n’avait pas vu le génial nain pourpre réussir à réunir succès critique et populaire aussi marquant. “Kiss” en 1986 n’avait pas sauvé en termes de ventes le superbe album Parade dont il était extrait. Et le double Sign O’ The Times sorti l’année suivante considéré comme l’apogée de la carrière de Prince fera quant à lui un score honorable. Mais il lui manquera pour tout exploser quelques tubes percutants à la “Alphabet Street” ou encore “Batdance” (sortis eux après sur d’autres albums).

Prince pour tout le monde !

Diamonds & Pearls ravira les fans comme les néophytes. Personnellement ce fut le premier des albums princiers avec Parade que j’ai découvert. Le choix fut aussi hasardeux qu’heureux pour la suite. En effet cela rassura vite l’auditeur versatile que j’étais à l’époque. Vous savez le genre qui ne se risque à écouter un nouveau truc que lorsqu’il a la garantie que des titres connus y sont présents. Cela rassure toujours.

C’est en effet bien pratique pour en parler autour de soi. Oui car promouvoir un obscur disque de musique expérimentale comme le même artiste en a aussi produit est quelque peu délicat dans les conversations des dîners en ville. Et pourtant des albums comme les deux Madhouse, Xpectation ou N.E.W.S sont pourtant de très bonne facture…

Un son live

Ce quatorzième album marque aussi un changement dans la conception même de la musique de Prince. D’ordinaire peu enclin à enregistrer en studio avec quiconque que lui-même ou presque, il va laisser des marges de manœuvre bien plus grandes à son groupe. Ce groupe renouvelé pour l’occasion de musiciens, chanteurs et danseurs pour le début des années 90 sont les fameux NPG (les New Power Generation).

Et plutôt que de perdre du temps à les laisser enregistrer leurs parties chacun de leur côté, Prince réunit tout ce petit monde lors des sessions d’enregistrement où les titres sont joués en prise live comme en concert (d’où la différence notable du son princier entre fin 80 et cette période qui ouvre la décennie 90).

Le contenu

Enfin pour revenir au contenu en lui-même vous aurez le choix entre titres funk/rock (“Thunder“, “Live 4 Love“), jazzy (“Strollin’”) et pop : le morceau titre, “Money Don’t Matter 2-night“, “Cream” (tous sortis en singles). On y trouve aussi un savant mélange funk/rock/rap (le génial “Gett Off“, N°1 en octobre 1991) ou encore soul (“Walk Don’t Walk“, “Willing & Able“).

Une suite sera très vite réalisée car produite presque en même temps : le fameux album Symbol en 1992. Malgré un paquet de bons titres du meilleur cru (“Sexy MF“, “The Continental“), celui-ci ne sera pas aussi uniforme et surtout un peu moins inspiré que son prédécesseur. Mais ça une autre histoire.

En effet ce sera le début du long bras de fer avec la compagnie de disques Warner et Prince. Cette mésentente légendaire le poussera à changer de nom en se faisant appeler tour à tour Love Symbol, The Artist ou encore TAFKAP (pour “The Artist Formely Knows As Prince“).

Souvent jugée ostentatoire, présomptueuse et ridicule, cette technique combinée au fait de ne plus apparaître dans les clips vidéo étaient en filigrane une technique pour protéger ses droits sur toutes ses nouvelles productions à venir. Période dans laquelle il se perdra un peu malgré des fulgurances (Come, The Gold Experience, le triple album Emancipation). Avant de revenir en grande forme dans les années 2000 (The Rainbow Chidren, 3121, Lotus Flower).

Prince est mort. Mais avec ce grand disque on peut en douter sérieusement. Longue vie au Prince !

Tracklist :
01. Thunder (5:45)
02. Daddy Pop (5:17)
03. Diamonds and Pearls (4:45)
04. Cream (4:13)
05. Strollin’ (3:47)
06. Willing and Able (5:00)
07. Gett Off (4:31)
08. Walk Don’t Walk (3:07)
09. Jughead (4:57)
10. Money Don’t Matter 2 Night (4:46)
11. Push (5:53)
12. Insatiable (6:39)
13. Live 4 Love (6:59)

E D I T H D E N A N T E S

→ Lien Wikipédia sur Prince
https://fr.wikipedia.org/wiki/Prince_(musicien)

→ Site officiel (eh oui il n’est pas mort. En tout cas pas sur le web !)
https://www.prince.com/