Once Upon A Time In Hollywood [2019]

Si on comptabilise les deux Kill Bill comme deux films, Once Upon A Time In Hollywood est le dixième long métrage de Quentin Tarantino (contrairement à l’affiche officielle qui elle mentionne qu’il s’agit de son neuvième). Il est sorti au cinéma trois ans après Les Huit Salopards en 2016.

Encore une fois le réalisateur nous conte une de ces histoires originales dont il a le secret et qui est en lien direct avec son métier de cinéaste. Tarantino a toujours en effet eu un gros penchant pour parler dans ses films du cinéma et plus globalement du monde professionnel de l’image.

Il le fait soit de façon discrète comme la conversation entre John Travolta et Samuel L. Jackson sur les pilotes de séries télé dans Pulp Fiction ou celle entre les filles dans le restaurant dans Boulevard de la Mort. Soit de façon plus importante comme dans Inglourious Basterds où une partie entière de l’intrigue se déroule dans un cinéma d’époque en période de guerre sous l’Occupation.

Une tranche de vie

Ici Tarantino a choisi de nous délivrer une tranche de vie extraite du Hollywood de la fin des années 60, industrie cinématographique à part entière alors en pleine mutation tout comme la société américaine de l’époque qui est alors en plein flower power.

Son intrigue se concentre sur un duo en apparence un peu superficiel mais qui se révèlera comme un excellent ressort comique : une star de télévision un brin égocentrique qui commence à devenir sérieusement has been (excellent Leonardo DiCaprio) et son pote à tout faire un brin blasé de tout qui lui sert accessoirement de doublure cascades (désopilant Brad Pitt). Les deux comparses peinent à trouver leur place dans leur branche mais aussi dans un monde en évolution (ils n’apprécient guère le mouvement hippie qui est alors à son apogée).  

En parallèle on découvre par intermittence une seconde histoire introduite lorsque Rick Dalton (DiCaprio) s’aperçoit que son nouveau voisin immédiat n’est autre que Roman Polanski, alors jeune réalisateur en vogue et dont la femme de l’époque Sharon Tate (interprétée par une magnifique Margot Robbie) sera sauvagement assassinée ainsi que ses amis par des adeptes de la secte de la “Famille Manson” en août 1969.

Je ne vais pas plus loin car je risque de vous spoiler l’histoire si vous n’avez pas vu le film. Mais sachez d’avance que comme c’était le cas pour Inglourious Basterds, Tarantino s’est pris au jeu de réviser la vraie Histoire à sa sauce. Néanmoins cette technique n’enlève rien au cachet global du film et ce même lorsque le réalisateur prend ce tournant. Parti pris osé et qui a créé avant la sortie du film une petite polémique quand on connait la nature exacte de ces tragiques événements.

Un scénario bien ficelé truffé de gags savoureux

Once Upon A Time In Hollywood n’en reste pas moins un très bon film. Car il a été très bien écrit en amont, bien tourné et interprété par des acteurs au diapason habités par leur rôle : les deux héros notamment (chacun dans leur style) mais aussi les apparitions furtives des habitués de la bande à Tarantino comme Michael Madsen, Kurt Russel et Zoe Bell pour ne citer qu’eux. L’ensemble fonctionne à plein sans jamais lasser ou agacer.

Même si on ne connaît pas les tenants et aboutissants de cette sordide histoire, on peut néanmoins très bien apprécier ce film. La véritable histoire ne va servir que de trame de fond. En parallèle au récit principal, le film prend une seconde direction lors d’une intrigue qui va monter crescendo au fur à mesure des 161 minutes du film. Temps qu’on ne voit pas passer d’ailleurs tant son rythme est parfait. A l’inverse de la démesure sanguinaire d’un Kill Bill Volume 1, assurément le film le plus contemplatif depuis Jackie Brown sorti il y a tout juste vingt ans.

Cette comédie où les gags ne sont pas forcément là où on pense se déguste tout comme les héros se lâchent sur des cocktails très variés et pas que dans d’envoûtantes fêtes mondaines. A noter au passage la superbe séquence de la fiesta au Manoir Playboy (où apparait notamment un Steve McQueen désabusé interprété par Damian Lewis). Cette dernière est un instantané parfait de cette époque folle alors encore en pleine insouciance. Il s’agit entre autres d’une des meilleures images qui restent de ce film quand on y repense bien après.

Pas de spoil mais des liens

Je vous mets en lien quelques informations concernant les faits mentionnés dans l’article afin d’en savoir plus sur les tragiques événements dont s’est en grande partie inspiré le film. Comme précisé juste avant ces derniers peuvent en partie vous spoiler ce long métrage si vous ne l’avez pas encore vu.

A l’inverse vous pouvez aussi vous renseigner sur ces faits pour (entre guillemets) en apprécier les subtilités lors du visionnage de Once Upon A Time In Hollywood. Mais je vous aurai prévenu : âmes sensibles s’abstenir.

E D I T H D E N A N T E S

→ Lien wikipédia sur le film
https://fr.wikipedia.org/wiki/Once_Upon_a_Time…in_Hollywood

→ Informations sur l’assassinat du 9 août 1969 perpétré par des membres de la Famille Manson
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sharon_Tate#Assassinat_par_la_«Famille»_Manson

→ Article sur Jackie Brown sur E D I T H D E N A N T E S
https://edithdenantes.com/index.php/2019/09/23/jackie-brown-1997/

“Jackie Brown” [1997]

Jackie Brown est le troisième film de Quentin Tarantino, l’enfant terrible du cinéma américain, auteur de films notables comme Pulp Fiction réalisé juste avant (Palme d’Or Cannes 1994), le diptyque Kill Bill ou encore plus récemment Django Unchained et Once Upon A Time In Hollywood (sorti à l’été 2019).

Toute la filmographie de Tarantino est composée de récits élaborés autour d’histoires un tantinet sanglantes sur fond de thriller (Reservoir Dogs, Pulp), de vengeance (les Kill Bill) et de traque (Boulevard de la Mort). Mais aussi d’excursions dans le film de guerre (Unglorious Basterds), le western (Django), le huit clos (Les Huit Salopards) ou dans la pure tranche de vie (le dernier en date Once Upon A Time In Hollywood). Ce dernier est d’ailleurs sans contexte celui qui se rapproche le plus de celui qui nous intéresse aujourd’hui.

Le film le plus contemplatif du cinéaste

Il est en effet un film qui se distingue du lot : Jackie Brown sorti en 1998. Adapté du roman Punch Créole d’Elmore Leonard, il s’agit là aussi d’une trame construite sur une base de thriller. Mais l’ensemble est sensiblement différent des autres films de Tarantino pour les deux raisons qui suivent.

La première c’est qu’il s’agit là dans la forme du film le plus contemplatif de toute l’œuvre du cinéaste. Ici point de chorégraphie sanguinaire comme dans le final de Kill Bill 1, de longues montées en pression palpable (la scène de la cave d’Unglorious Basterds) ou encore de fusillades mémorables à la Django Unchained

Je ne vais point vous spoiler ce splendide film pour celles et ceux qui ne l’auraient pas vu (ou pour tout.e cinéphile qui l’a vu un jour mais qui ne s’en souviendrait pas eh oui ça arrive il a quant même plus de vingt ans). Mais sachez d’ores et déjà que la seconde raison pour laquelle ce long métrage mérite son qualificatif est le fond même de l’histoire.

Un hommage à la Blaxploitation

Tarantino filme ici une romance en devenir, celle entre Jackie et le prêteur sur gages Max Cherry. C’est cette trame qui fait du film une histoire vraiment différente du reste de l’œuvre tarantinesque. Ce rôle de privé un brin lassé de la routine habituelle est campé par Robert Forster (légende de films de série B que Tarantino collectionne religieusement). Ce personnage qui est le parfait coéquipier de Pam Grier à l’écran hésite à se donner une seconde chance de vie plus paisible en la personne de Jackie.

Tarantino livre ici un film hommage à la Blaxploitation, mouvement phare de la contre-culture cinématographique afro-américaine des années 1970. Cette dernière avait pour particularité principale de faire des films quasi uniquement avec des acteurs et actrices noir.e.s en réaction au tout puissant establishment d’Hollywood qui à cette époque ne montrait que rarement et/ou dans des rôles mineurs des personnes de couleur.

Casting quatre étoiles

En plus d’avoir adapté le livre de Leonard, Tarantino a proposé le rôle titre de Jackie Brown à Pam Grier, actrice et chanteuse star de la Blaxploitation. Elle trouva au passage un second souffle à sa carrière grâce à ce rôle de femme forte qui essaye de s’en sortir en esquivant tous ceux qui la guette au tournant : gangsters et flics bien entendu… mais aussi une forme de vie qu’elle souhaite définitivement quitter pour plus d’épanouissement personnel.

Autre légende vivante qui joue ici un rôle secondaire aussi inattendu qu’irrésistible : Robert de Niro himself qui interprète Louis, pote de taule et homme de main d’Ordell, le méchant de l’histoire joué par un Samuel L. Jackson plus inquiétant que jamais en trafiquant d’armes qui tente une dernière affaire avant de se ranger.

Et on a droit à une séquence mémorable entre la petite amie de ce dernier joué par Bridget Fonda et De Niro. Cette scène arrive comme un cheveu sur la soupe au beau milieu de l’intrigue et vaut le détour. Je n’en dis pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir.

Enfin et pour ne rien gâcher à la fête il faut souligner la très bonne bande originale (comme souvent) concoctée par son réalisateur. Il s’agit en majorité de petites pépites soul et funk des années 70 à 90 et qui collent parfaitement à l’ambiance du film. Même si la musique n’a pas de couleur de peau, cela contribue de faire de Jackie Brown définitivement un grand film noir. Au sens littéral du terme.

E D I T H D E N A N T E S

→ Lien Wikipédia sur le film
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jackie_Brown

→ Un autre sur la Blaxploitation
https://fr.wikipedia.org/wiki/Blaxploitation

→ Article sur Once Upon A Time In Hollywood sur E DI T H D E N A N T E S
https://edithdenantes.com/index.php/2019/10/11/once-upon-a-time-in-hollywood-2019/