L’agression de Julia

Une analyse sur la forme de l’affaire dite de l’agression de Julia [mars 2019]

2019 n’est pas encore finie mais un fait marquant aura marqué les esprits en début d’année : l’agression filmée de Julia, femme transgenre qui en marge d’une manifestation populaire à Paris s’est retrouvée bien malgré elle sous les feux de l’actualité.

Petit résumé des faits

Je résume rapidement les faits avant de passer à une analyse un peu plus transgressive. Sans jeu de mots. Transgenre/transgressive… j’aime bien cette expression.

Ce qui s’est passé ce soir de mars 2019 n’est ni plus ni moins qu’une agression transphobe subie par une femme transgenre (Julia) par toute une bande d’énergumènes mâles qui étaient là dans le cadre d’une manifestation contre l’exécutif de leur pays. Des Algériens qui manifestaient donc contre le pouvoir en place dans leur contrée. Par de malheureuses circonstances liées à une sombre conjoncture qui elle-même venait d’un très fâcheux hasard, il s’en est suivi l’épisode que l’on connait sous l’appellation “l’agression de Julia”.

Cet épisode déchaîna alors les passions : des réactions eurent lieu et furent particulièrement véhémentes en raison de l’origine ethnique desdits individus décrits plus hauts. Une quantité faramineuse de gens s’était alors empressée de dire qu’il fallait à tout prix ne pas fustiger le multiculturalisme et encore moins faire un quelconque amalgame au nom du sacro-saint “vivre ensemble”. Qui décidément a un peu de plomb dans l’aile avec les années qui passent, années qui se ressemblent voire qui empirent pour nombre de mes consœurs travestis ou femmes transgenres (ou tout autre personne à tendance LGBT réelle ou supposée on va dire). 

Analyse sur la forme

On va ici jeter un œil sur ces faits mais uniquement sur la forme. Le fond du problème je préfère le laisser aux expert.e.s de la question qui défilent sur les plateaux de télévision, de radios, etc. C’est vrai après tout : ils et elles s’y connaissent bien mieux que moi. Et comme je passe plus souvent mon temps à digérer qu’à réfléchir, il vaut mieux que je ne livre que la vision du problème vue de loin. Si je regarde de près cela risque de me troubler ma sieste et donc mon jugement. Ce n’est pas ce que vous voulez non ?

Donc voyons ces faits sur la forme. Qu’est-ce qui est si choquant dans cette affaire en réalité ?

Est-ce la violence de la situation ? Je ne parle pas arabe et j’en ignore donc ses nombreuses subtilités. Mais ces voix qui chantent à l’unisson ? Est-ce une mélodie destinée à railler quelqu’un sous une forme de moquerie matinée de haine déguisée ?

Est-ce le fait qu’à un moment dans la vidéo on voit une jeune femme (apparemment) Algérienne qui essaye de rassurer Julia ? Et qui prouve que la bêtise n’est décidément qu’un truc de mecs ?

Est-ce le fait que Julia se prend de la bière sur elle ? Ce qui est fort dérangeant lorsque l’on est bien apprétée et pas encline sur le moment à faire de même avec un autre comparse en état second ?

Est-ce parce que la même bière a été jetée par un individu dont les préceptes religieux en temps ordinaire déconseillent fortement la consommation de ce type de breuvage ? Cette dernière n’avait donc pas sa place dans un tel moment mon ami voyons…

Est-ce encore ces coups que lui porte un de ces hommes qui peut forcer les plus indécis d’entre nous à se dire que l’on n’est plus dans la sympathique moquerie mais bien dans la haine de l’autre ? Faut-il commencer à s’offusquer uniquement à partir de cette seconde-là ? Et pas celles d’avant ?

Est-ce le fait d’avoir filmé la scène de façon purement récréative (“je vais poster cela sur youTube et je vais avoir plein de vues“) ? Ou est-ce le fait d’avoir vraiment capté là quelque chose qui fera date ? Et d’en avoir pleinement conscience dans sa portée lors de ce tournage ?

Une situation bien évidemment isolée…

Enfin est-ce qu’une vidéo comme cela permet d’alerter ou de rassurer ? Parce que pour la majorité des personnes qui ne sont pas concernées, qui n’y connaissent rien et/ou que ça arrange, il est confortable de se dire que ce genre de scène est un acte purement isolé et qui n’arrive que dans des circonstances très fortuites. Elles-mêmes issues d’un fâcheux hasard…

Réveillez-vous. C’est ça le quotidien pour les gens comme moi et surtout pour les femmes transgenres comme Julia.

Inutile que je développe plus. Relisez attentivement chaque question que j’ai volontairement isolée en un seul paragraphe pour mieux démontrer l’absurdité des situations respectives et leur interprétation que l’on peut faire au premier abord.

Comme je dis souvent il y a du boulot.

E DI T H D E N A N T E S

Les 50 Ans de Stonewall

Cette année est l’année du cinquantième anniversaire des émeutes de Stonewall à New York aux Etats-Unis qui eurent lieu en 1969. Il est tout à fait possible que cela ne vous évoque rien comme cela à brule pourpoint. Si c’est le cas tant mieux vous êtes callé(e) et dans la situation inverse ce n’est pas grave on va vous expliquer cela ici.

C’est quoi une Pride?

Si je vous dit “Pride” cela vous parle un peu plus ? A peu près mais vous n’arrivez toujours pas à faire le lien ? Bon allez je développe.

J’en avais déjà parlé lors d’un article assorti d’une vidéo sur les Prides ou “Marches des Fiertés”, ces manifestations annuelles qui ont lieu désormais dans pas mal d’endroits dans le monde partout où sont présentes des communautés LGBT qui peuvent organiser ce genre d’événement.

La Pride ou Fierté en anglais consiste en un rassemblement festif de personnes en majorité LGBT mais pas que. C’est l’occasion pour cette communauté de montrer qu’elle existe et aussi de revendiquer comme dans la majorité des manifestations publiques des souhaits et aspirations pour qu’une société donnée fasse évoluer son cadre législatif et ses mentalités.

Historique de Stonewall

Et Stonewall du coup qu’est-ce que c’est ? Il s’agit d’un établissement LGBT qui se situait dans le quartier de Greenwich Village à New York. Bar boîte de nuit qui accueillait une clientèle composée principalement de personnes gays et lesbiennes mais aussi beaucoup de transgenres, il fut involontairement à jamais associé à l’histoire des Prides.

Le 28 juin 1969, des émeutes éclatèrent suite à une descente de police dans l’établissement. Cela dura plusieurs jours dans le quartier et ce fut le début de l’organisation structurelle d’associations LGBT locales. Ces mouvements en entrainèrent d’autres dans le monde et fut le marqueur de toute une génération de personnes jusqu’ici fortement discriminées et réprimées.

Un an après les faits fut organisé à New York la première vrai Pride que l’on dénommait alors “Gay Pride”. Le terme n’a changé qu’assez récemment pour être à la fois plus fédérateur pour la communauté LGBT et moins connoté uniquement “gay”. Alors pour rappel LGBT ça signifie Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres. Oui ça fait un paquet de monde.

Aussi dramatique que fut cette période trouble, l’épisode Stonewall a néanmoins permis à pas mal de gens de pouvoir sortir de l’ombre. Et cinquante ans plus tard il y a encore du boulot.

→ Lien Wikipédia sur les émeutes de Stonewall
https://fr.wikipedia.org/wiki/Émeutes_de_Stonewall

→ un autre sur les prides
https://fr.wikipedia.org/wiki/Marche_des_fiertés

→ vidéo sur les Prides
https://www.youtube.com/watch?v=rTxnhsAvbM4

Homophobie dans les stades

Article sur les dérives homophobes dans les stades français depuis 2019… mais aussi avant.

S’il est bien un sport où il existe encore un véritable tabou c’est bien dans le foot. Oh bien sûr on peut dire cela aussi d’autres grands sports collectifs tel que le rugby ou le basket mais avec le foot on atteint quand même des sommets.

L’actualité en ce mois de septembre 2019 est tout particulièrement chargée de ce côté-là. Il s’agit de banderoles déployées par des groupes de supporters (qui n’ont de supporters que le nom) qui ont mis le feu aux poudres. Les faits se sont déroulés lors de plusieurs rencontres du championnat de Ligue 1 de football en France.

Cela ne passe pas trop

L’homosexualité est quelque chose qui ne passe pas chez les adeptes du ballon rond. Ou tout du moins parmi les supporters. Les professionnels du métier (joueurs, entraîneurs, encadrement, dirigeants, etc.) semblent avoir un discours uni pour condamner avec la plus grande fermeté toute marque d’homophobie avérée dans les stades.

Depuis quelques temps déjà une campagne d’information avait été faite. Visiblement cela n’a pas été efficace partout. Cela n’excuse rien mais en même temps ce n’est pas la première fois que des supporters font le coup d’exciter leur adversaire. Car ce type d’action est un artifice parmi d’autres pour intimider l’équipe adverse.

Ces banderoles là sont souvent été vus dans des stades, mises en place par des spectateurs dits ultras c’est-à-dire. Cela remonte un peu mais je ne peux m’empêcher de repenser à l’affaire de la banderole anti-chtis lors du match Paris Saint Germain – Lens en 2008. On pouvait y lire des insultes particulièrement virulentes de la part des Parisiens contre les Lensois. La même année il y avait eu une autre banderole qui avait fait polémique du côté de Bastia et là encore la gaudriole était au rendez-vous. 

Une décision inédite

En réaction au déploiement des banderoles homophobes pendant les matchs, certains arbitres ont opté pour une solution jusqu’ici inédite : stopper le match pendant plusieurs minutes pour indiquer que de tels actes sont contraires à tout esprit sportif. Et que cette prose détestable est condamnable au titre de son caractère particulièrement injurieux et discriminatoire.

Survint alors immédiatement le débat pour déterminer s’il devient nécessaire ou non d’arrêter un match à chaque fois qu’une situation de la sorte apparait. Certains et certaines vont jusqu’à demander l’annulation pure et simple du match. Etant donné qu’il s’agit d’un championnat, les points iraient donc logiquement à l’équipe adverse à celle dont les supporters ont déconné… Et si c’est un match de coupe, ce sera la même sentence : défaite et élimination immédiate de l’équipe qui ne sait pas tenir ses aficionados.

Normal ailleurs… ou non

Bon tout n’est pas si simple. Si la situation perdure dans les semaines qui viennent cela risque de créer un joli bazar comme cette société sait typiquement les produire lorsque personne ne sait prendre à temps les décisions qui s’imposent.

C’est dommage d’en arriver là mais la source du problème est bien connue : si dans ce milieu l’homosexualité était quelque chose d’aussi “normal” qu’ailleurs… En même temps quand je dis ailleurs on est loin du compte parce qu’il n’y a pas que dans le sport que c’est compliqué.

Bref y’à du boulot. Surtout quand certaines voix tentent de légitimer la chose en disant que cela fait partie intégrante de la culture footballistique. Si mon équipe perd des points pour comportement outrancier, au moins je pourrais me dire qu’on ne les a pas volés. Enfin non puisqu’on les a perdus. Bon vous aurez compris.

E D I T H D E N A N T E S

→ Article “20 Minutes” du 20/04/2015
https://www.20minutes.fr/sport/1591011-20150420-ligue-1-top-6-banderoles-fait-polemique