Indochine “Paradize” [2002]

Réduit au début des années 2000 au seul Nicola Sirkis (qui avait perdu son frère en 1999 en plein enregistrement de l’album Danceteria), c’est avec une nouvelle équipe qu’Indochine débute l’année 2002. 

Retour gagnant

Malgré une période de traversée du désert médiatique dans les années 90, le groupe s’était pourtant bonifié en quelques disques. Mais c’est l’album Paradize de 2002 qui le fit revenir définitivement sur le devant de la scène. Cela lui apporta une nouvelle génération de fans et une reconnaissance de la critique qui ne put que constater ce retour de forme qu’il n’était plus permis désormais d’ignorer.

Conçu comme une longue plage sonore (les titres s’enchaînent les uns les autres), composé de nombreux morceaux qui deviendront des classiques du groupe (le premier single “J’ai Demandé à la Lune” composé par Mickey 3D, “Punker“, “Marylin” pour ne citer qu’eux), Paradize surprend dès son introduction. Il en effet très étonnant de se dire que c’est ici le même groupe qui a écrit “3ème Sexe“, “Kao Bang“, “Des Fleurs Pour Salinger” et sans oublier le standard “L’Aventurier“, point d’orgue lors des concerts.

A la recherche de la mélodie ultime

Mélange de pop énergique et de rock industriel au service de mélodies accrocheuses, le style voulu par son leader sur cet opus est volontairement conçu comme l’inverse de ce qu’avait fait Indochine jusque-là et entrevu seulement sur Danceteria. Nicola Sirkis révélait à l’époque son souhait de composer des morceaux plutôt que des chansons, tout en étant constamment à la recherche d’une recette pour écrire des mélodies puissantes.

Cela se ressent particulièrement de bout en bout sur tout le disque, quinze titres très efficaces allant du pop/rock interprété sans bavure (“Electrastar”, “Mao Boy“, “Like A Monster“) à un son plus mélodique (“Le Manoir“, “Dark“). “Le Grand Secret” est un grand morceau, une ballade qui arrive au milieu du disque pour temporiser un peu cette fureur ambiante. L’album étant résolument péchu, on ne retrouvera cette ambiance un brin plus apaisée pour une seconde et dernière fois qu’à la toute fin du disque (“Un Singe en Hiver” compo de Jean-Louis Murat).

Enfin ce disque est fortement marqué par une certaine forme de spiritualité, de quête du sens de la vie, de sexualités qui se cherchent et autres formes de doutes existentiels. Cela en fait la bande son parfaite qu’une jeunesse d’alors (dont moi-même) adopta car se reconnaissant dans tous ces thèmes. Et qui explique l’importance de la part du public jeune dans les concerts du groupe.

Des suites logiques

Le double album qui suivra en 2005 Alice & June sera considéré comme une demi-suite de Paradize, ce dernier étant lui-même l’aboutissement d’une trilogie commencée presque dix ans avant avec Wax (et dont le son global était déjà très différent).

Le succès du groupe dont le personnel restera quasiment identique dans les années à venir ne se démentira plus. Ils seront le premier groupe de rock français à se produire au Stade de France et ce désormais à chaque tournée à partir de 2010 (voir le double album live Putain de Stade).

Indochine continuera longtemps après à reproduire le même coup artistique que sur ce disque en restant dans cet univers un brin ténébreux teinté de gothique scintillant.  Mais il faut bien le reconnaître : ce ne sera pas tout à fait le même genre de Paradize.

→ Lien Wikipédia sur
https://fr.wikipedia.org/wiki/Indochine_(groupe)

→ Site officiel
https://indo.fr/