Réagir dans l’Instant

Une réflexion sur le fait de réagir par impulsivité suite à une moquerie.

Lorsque l’on est sujet à moquerie il y a toujours un bref laps de temps très furtif qu’il faut savoir capter et plus important, maîtriser. Comment en effet ne pas se laisser aller à l’emportement le plus soudain lorsque votre égo et votre honneur sont en jeu ?

C’est tout sauf simple. Deux visions des choses s’opposent : faut-il ne rien dire ou faut-il répliquer ? Faut-il dans ce second cas le faire avec force ou en finesse ? Faut-il aller sur le même terrain que votre ennemi ou faut-il le dérouter en l’emmenant sur le vôtre ? Et plus grave : pendant que vous vous posez toutes ces questions, il est probable que la situation vous échappe déjà.

Etre original.e c’est pas un sacerdoce

Que vous soyez une personne un brin originale qui attire les regards comme moi ou non, avouez que c’est toujours agaçant lorsque vous êtes sujet à moquerie. Même en ayant le meilleur mental possible, même en étant quelqu’un de calme et apaisé, même en relativisant les faits en vous disant que votre adversaire est plus bête que vous, il y a parfois rien à faire. Cela ne peut vous laisser tout à fait indifférent.e.

Cela est d’autant plus frustrant lorsque bien évidemment cela vous arrive par surprise. On ne s’attend jamais complètement à subir une agression. Quelle qu’elle soit. Alors dans le cas d’une moquerie c’est évidemment moins grave qu’une violence physique puisque l’on ne risque normalement pas d’avoir de séquelles corporelles. Mais cela ne veut pas dire que le mal en est moins fort. Les mots peuvent bien plus blesser que les coups.

Des réactions prévisibles

Autre possibilité pour mieux gérer la situation : lorsque cette dernière est prévisible. En tant que travesti qui s’assume et qui peut se balader (à peu près) où bon lui semble, il est évident que de temps en temps je m’expose au feu de petits mots pas très cordiaux et relativement détestables d’individus qui le sont tout autant. Ce sont ces derniers qu’il faut savoir repérer avant d’être vu.e.

Par exemple lorsque je fais une sortie je fais toujours attention à tout un tas de choses. Les endroits où je vais, mes arrières, les gens que je croise, les voitures qui passent à mon niveau, les gens dans les files d’attentes, etc.

Minimiser les conflits

Lorsque je suis avec quelqu’un d’autre je relâche un peu en vigilance car j’estime qu’au sein d’un groupe il existe une sorte de bienveillance mutuelle (quelqu’un qui regarde toujours ce qui se passe un peu plus loin, un.e autre qui ferme la marche, etc.). Mais pour avoir la paix il faut quand même faire gaffe à pas mal de trucs. Pour des personnes comme moi cela limite la multiplication de situations compliquées (à défaut de ne plus en rencontrer).

Alors oui vous me direz que vivre ainsi ce n’est pas vraiment vivre. Passer sa vie à surveiller tout ce qui se passe et appréhender en permanence la prochaine altercation n’est pas conçu pour tout le monde. Et surtout pas pour les petits cœurs fragiles si vous avez tendance à trop verser dans l’émotion et/ou si vous êtes cardiaque.

A cela je dis tout simplement non. Car vivre de la sorte ce n’est pas vivre. Donc je vis quand même en dépit de certaines contrariétés prévisibles. Et vivre c’est foutrement bien plus important que quelques sarcasmes de personnes crasses qui vous entourent. 

→ Un petit lien instructif
https://fr.wikipedia.org/wiki/Impulsivité

→ Vidéo “Les Ennemis du Travesti #01 : Les Moqueurs”
https://www.youtube.com/watch?v=1MtwJLXAx3c