(Ne Pas) Marcher à l’ombre

Petite réflexion personnelle…

Combien de fois ça m’est arrivé ? C’est impossible à calculer comme cela. Autant compter les feuilles dans un arbre. C’est une image que j’aime bien reprendre dans pas mal de propos, articles, etc. pour illustrer au mieux avec très peu de mots une image forte. Bien heureusement désormais je n’ai plus à raser les murs pour rester dans l’ombre.

Une petite explication linguistique

Lorsque l’on dit marcher à l’ombre on parle de quoi en fait ? Alors non il ne s’agit pas du film Marche à l’Ombre de Michel Blanc de 1984 ni de la chanson de Renaud de 1980…

Marcher à l’ombre est une expression qui désigne le fait de vouloir avancer tout en se cachant. C’est aussi curieux que cela se pratique facilement. En effet ce n’est guère compliqué. Il vous suffit de marcher discrètement sans qu’on vous remarque, en général de nuit par exemple.

C’est vraiment curieux. Cela me fait penser à moi il y a quelques années où la solitude et la pénombre étaient mes meilleures alliées. Parce que oui c’est cela qui constitue la fameuse ombre qui peut protéger autant qu’elle peut enfermer.

Des phases de rodage

Quand on pratique comme moi le travestissement en dehors de la sécurité de son salon, il est évident que les nombreuses premières fois ne sont pas forcément des parties de plaisir. Le danger règne ici-bas partout. Tout devient potentiellement une source de danger.

On n’a pas envie de se faire surprendre. Le côté interdit, l’aspect honteux, la réputation à protéger, etc. C’est normal autant que c’est frustrant. Quand un travesti éprouve le besoin de sortir de chez lui, il a besoin d’optimiser ses chances pour éviter tout type de désagrément fortuit qui pourrait lui être fatal. Faire une mauvaise rencontre ou tout simplement être vu de loin constituent des craintes qui peuvent tour à tour paralyser et abandonner toute envie de nouvelle expérience.

Qui plus est pas la peine de vous faire un dessin pour l’ensemble de mes consoeurs qui vivent dans des coins dits « à risques » : le travestissement que personnellement je pratique est impensable dans certains quartiers de grandes villes ou dans certains coins trop reculés de rase campagne. L’enfer c’est les autres comme disait Sartre.

Sortir de l’ombre

Je n’ai pas de solution miracle à proposer à mes consoeurs ou même à toute personne un brin originale par son physique et/ou son accoutrement. Pour sortir de l’ombre il n’y a peut-être que deux solutions qui peuvent fonctionner tout en se complétant : le mental et l’expérience.

Sans un puissant mental pas d’expérience possible. Et sans expérience le mental ne se renforcera pas. Donc pour évoluer il faut d’abord travailler sur soi, raisonner différemment pour pouvoir ensuite se donner les moyens de pouvoir vivre comme on le souhaite.

Viendra ensuite l’expérience. Car c’est en multipliant les sorties dans la lumière que l’espoir de pouvoir s’affranchir de l’ombre pourra se concrétiser de façon plus perceptible. Ce ne sera pas forcément une partie de plaisir. Mais c’est tout sauf impossible non plus. La vérité est quelque part au milieu. Mais on peut y arriver.

C’est là tout le mâle que je vous souhaite. Good Night. And Good Luck.