Critique film “Les Crevettes Pailletées”

Analyse du film “Les Crevettes Pailletées” de Cédric Le Gallo et Maxime Govare sorti en mai 2019.
Attention spoilers à partir de 04:00!

Aujourd’hui nous vous proposons cette petite analyse du film “Les Crevettes Pailletées” de Cédric Le Gallo et Maxime Govare sorti en mai 2019. Comme d’habitude nous vous proposons un article de fond et une vidéo explicative en complément à la fin de celui-ci.

Une comédie dramatique sur la communauté LGBT

Le pitch du film est le suivant : un champion de natation se fait épingler suite à des propos homophobes par sa fédération qui lui impose alors un travail d’intérêt général afin de faire amende honorable. Et la peine en question est originale : entraîner une équipe de waterpolo masculine dont les membres sont tous ouvertement gays (et il y a également un queer à tendance travesti dans la team).

L’objectif final de cette équipe est d’aller aux Gays Games qui se déroulent presque au même moment à l’autre bout de l’Europe en Croatie. Alors pour info ces Jeux existent vraiment. Ce n’est pas une idée de scénario propre à ce long métrage : ils sont organisés depuis 1982 tous les quatre ans comme les Olympiades. A l’origine destinés uniquement aux athlètes LGBT, ils sont également ouverts à tous et fonctionnent comme leur grand cousin avec épreuves, remises de médailles, etc.

Disons-le tout de suite : ce film ravira les aficionados de comédies poilantes mais divisera le public LGBT qu’il est sensé mettre en valeur. Bonne comédie populaire où l’on se marre quand même pas mal, on n’en reste pas moins un peu sur sa faim tant trop de situations sont rapidement expédiées et le traitement des personnages étant la plupart du temps un brin bâclé. Et non ce film ne surfe pas sur le succès du Grand Bain sorti fin 2018 plus de six mois avant. En effet le tournage des Crevettes… était déjà bien avancé lorsque le film de Gilles Lellouche bénéficiait déjà lui d’un montage achevé.

Un cahier des charges un peu casse-gueule

Les Crevettes Pailletées est un feel-good movie qui remplit toutes les cases divertissement (des vannes, du rire, des rebondissements, etc.) d’un cahier des charges forcément un peu casse-gueule. Car quand on touche à une minorité on s’expose de facto à des analyses beaucoup plus attentives afin de vérifier que l’oeuvre n’heurte pas les principes qu’elle est censée mettre en avant. C’est déjà méritoire que d’avoir fait ce film. On ne peut pas retirer cette initiative à son duo de réalisateurs car après tout il s’agit d’une bonne histoire sur des thèmes de société qui sont plus que jamais d’actualité en 2019.

Là où c’est un brin dommage c’est le traitement réservé à la plupart des histoires personnelles des acteurs. Ces intrigues sont en effet survolées et auraient méritées qu’on s’y attarde un peu plus : le couple d’hommes et la relation à leurs enfants, la relative solitude du queer (dont on ne sait pas vraiment si elle est un travesti ou une transgenre) qui cependant n’hésite pas à aider son pote qui lui a renoncé depuis longtemps à l’amour, l’épanouissement soudain d’un autre et qui confond vraisemblablement de par son manque d’expérience les codes entre homosexualité et travestissement lors d’une scène (néanmoins réussie) dans une taverne où tout le monde chante en chœur…

Quelques stéréotypes classiques

On grince un peu des dents presque dès le début lorsque l’on se retrouve comme trop souvent face à une ribambelle de clichés plus ou moins discutables : les hommes gays sont forcément des fêtards invétérés qui ne pensent qu’à ça, les lesbiennes sont toutes bâties comme des camionneuses, rustres à souhait et pas montrées sous leur meilleur jour (bon certes c’est une scène de compétition acharnée qui se passe dans une piscine mais cela n’empêchait pas d’en faire quelque chose de sensiblement différent).

Alors oui dans ce genre de film il faut forcément accentuer les traits pour agir de façon efficace sur les ressorts propres de ce qu’est une comédie. Mais bon des fois on ne sait plus trop si cela doit nous faire rire ou juste sourire. Le final en est le symptôme type : ce dernier est lui aussi un peu vite expédié. Malgré le côté dingue de la scène, cette dernière n’est pourtant pas l’image marquante qui restera du film après visionnage.

Il existe peut être une version (je n’ai pas vérifié à l’heure où j’écris ces lignes) où quelques scènes supplémentaires permettent de mieux approfondir les personnages et donc de facto certaines situations. A confirmer lors de la sortie du film en DVD/Bluray.

Bref il ne s’agit pas d’un mauvais film et vous ne passerez pas un mauvais moment en allant le voir. Au contraire il vous fera plutôt bien marrer. Seuls quelques rabats-joies comme moi apporteront une petite nuance car en tant que personne un brin LGBT sur les bords c’est tout de même notre quotidien qui est dépeint dedans. Donc même si cela n’est pas le but, cela peut quand même faire rire jaune.

Attention spoilers à partir de 04:00!

E D I T H D E N A N T E S

+ d’infos sur ce film
https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Crevettes_pailletées

+ d’infos sur la Transidentité
https://fr.wikipedia.org/wiki/Transidentité

+ d’infos sur les moeurs et la communauté lgbt
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lesbiennes,_gays,_bisexuels_et_transgenres

→ vidéo “Critique Film “Girl” [2018]”
https://www.youtube.com/watch?v=M5nONxSCrwM

→ Vidéo Présentation Chaîne vidéo (Version Courte)
https://www.youtube.com/watch?v=DCrlVIyW7gk

Critique Film “Girl”

Analyse du film “Girl” de Lukas Dhont sorti en 2018 et présenté lors du Festival de Cannes 2018 dans la sélection Un Certain Regard. Nous vous proposons ici un article de fond et une vidéo explicative en complément à la fin de ce dernier.

Rarement on aura filmé la transidentité sous cet angle et ce n’est pas souvent qu’une telle interprétation n’aura suscité autant d’éloges. “Girl” est un bon film, un très bon film même mais il faut bien se mettre à l’idée que cette histoire particulièrement dure peut rebouter plus d’un(e) cinéphile averti(e). Explications.

Un sujet fort et des acteurs qui jouent au plus juste

Girl” raconte l’histoire de Lara, jeune femme transgenre qui poursuit deux objectifs principaux tout au long du film : devenir danseuse classique au sein d’une école de danse spécialisée et accélérer son processus de transition pour passer d’homme à femme.

En plus d’un physique relativement androgyne qui lui a permis d’être crédible dans son rôle de femme transgenre, le jeune acteur belge Victor Polster interprète brillamment son personnage à tel point qu’on est complétement soufflé.e par cette ambivalence permanente qui nous fait oublier l’homme derrière la femme. C’est impressionnant de livrer une telle performance à un âge aussi précoce (il n’avait que 17 ans lors du tournage) et sa prestation lui a valut (tout comme le film) plusieurs prix et récompenses dûment mérités.

Sans entrer dans le développement de l’intrigue (voir la vidéo pour plus d’infos), on peut vous prévenir qu’il s’agit-là d’un drame pur et dur, réalisé de façon très classique et de façon quasi contemplative. Pas de musique, pas de scène d’action, peu de dialogues, une caméra qui filme souvent assez près des corps, des jeux de regards qui ont disent plus que de longs échanges, de longs plans avec des acteurs qui discutent souvent avec un interlocuteur situé hors champ… Voici quelques uns des figures de style qui parcourent ce film à la beauté aussi simple que clinique.

Une réalisation au service de l’histoire

Souvent froide, dépouillée, la réalisation n’en est pas moins au service de cette histoire à la fois troublante et terriblement humaine (la relation père/enfant est sublimée par des acteurs filmés jusqu’au tréfond de leurs âmes plus ou moins malmenées tout au long du récit). Rien de larmoyant, rien de sensationnel, juste des sentiments et des ressentis infiniment touchants.

Plusieurs scènes sont difficiles à voir et on souffre pour le personnage de Lara qui apprend à la fois la vie en se prenant des coups (une souffrance physique particulièrement dure, une frustration amoureuse, une scène d’humiliation…) jusqu’à son dénouement que nous ne vous dévoilerons pas ici (attention nous en parlons largement en fin de vidéo si vous souhaitez la regardez).

On vous recommande chaudement ce film, que vous soyez transgenre ou non. Car bien au delà de cette histoire de mœurs LGBT, il s’agit bel et bien d’une ode à l’amour, à la famille, et par dessus tout, à la vie. Vous devrez néanmoins juste bien savoir où vous mettez les pieds en allant le voir et il est peut être nécessaire de se réserver un petit temps de réflexion après l’avoir vu. Vraiment. C’est en effet le genre d’œuvre dont on ne sort pas complètement indemne à la fin…

Pour ce qui de notre analyse vidéo qui accompagne cet article sachez que nous dévoilons des éléments clés de l’intrigue à partir de 05:08!

Quelques coupes dans la narration de la vidéo sont visibles par instants.
C’est normal : avez-vous déjà essayé de parler tout(e) seul(e) pendant plus de 35 minutes d’un sujet unique sans vous égarer? Et de ne retenir que les 17 minutes de blabla les plus cohérentes?

E D I T H D E N A N T E S

+ d’infos sur ce film
https://fr.wikipedia.org/wiki/Girl_(film,_2018)

+ d’infos sur la Transidentité
https://fr.wikipedia.org/wiki/Transidentité

+ d’infos sur les moeurs et la communauté lgbt
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lesbiennes,_gays,_bisexuels_et_transgenres

→ vidéo Critique Film “Les Crevettes Pailletées” [2019]
https://www.youtube.com/watch?v=9ePbIoPRKw8

→ Vidéo Présentation Chaîne Vidéo (Version Courte)
https://www.youtube.com/watch?v=DCrlVIyW7gk