Star Wars IX – The Rise of Skywalker [2019]

Aujourd’hui on s’attaque à un gros morceau. Un pan entier de culture populaire. Attention cet article contient des spoilers en nombre. Dans un premier temps je vais vous faire une critique sans aucun détail relatif au film (il est sorti il y a seulement quelques jours à l’heure où j’écris ces lignes). Si vous ne l’avez pas encore vu il faudra repasser pour découvrir la seconde partie qui elle est truffée de spoilers.

Double Challenge

L’objectif de Star Wars Episode IX – The Rise of Skywalker était double. Primo : boucler la nouvelle trilogie commencée en 2015 avec Le Réveil de la Force et poursuivi en 2017 avec Les Derniers Jedi. Secundo : entériner une saga entière de neuf films comprenant trois trilogies, des épisodes I à IX inclus. Je ne refais pas l’historique complet de tous ces films hormis que pour bien cerner le propos cette dernière trilogie bouclée avec l’Episode IX correspond narrativement à des événements qui se déroulent une bonne trentaine d’année après la fin de l’Episode VI – Le Retour du Jedi sorti lui en 1983 bien avant la prélogie des épisodes I (1999), II (2002) et III (2005).  

Le Réveil de la Force avait eu pour mission de lancer les bases d’une nouvelle Trilogie différente de la légende canon de Star Wars. C’était le premier d’une série de nouveaux films de la franchise Star Wars rachetée en 2012 par Disney à George Lucas, créateur d’origine de la saga intersidérale qui raconte grossièrement l’histoire d’une bande de fermiers galactiques sur une trentaine d’années. Elle est découpée en six épisodes dont au moins deux sont considérés comme des chefs d’œuvre de science-fiction (Un Nouvel Espoir en 1976 et L’Empire Contre-attaque en 1980).

Des précédents clivants

A sa sortie en 2015 il s’était avéré que le Réveil de La Force était une copie assez flagrante d’Un Nouvel Espoir. En effet le film ne prenait pas beaucoup de risques mais réemployait de façon assez bien ficelée la trame et les codes narratifs de l’Episode IV.

Quant aux Derniers Jedi de Ryan Johnson il a profondément divisé la critique et le public. La raison ? Un parti pris narratif et esthétique qui allait à l’encontre de ce que le réalisateur J.J. Abrams avait voulu mettre en place dans le Réveil de La Force. C’est d’ailleurs lui qui repris la réalisation de l’Episode IX qui nous intéresse aujourd’hui suite au départ du metteur en scène d’origine Colin Trevorrow remercié par le studio en 2017 pour divergence de point de vue artistique.

Est-ce que toutes ces péripéties de production ont eu une incidence sur le dernier épisode et sur la trilogie en général ? Cela n’est pas forcément visible au premier abord mais il est évident que la trame globale de tout l’ensemble en a fait les frais.

Disons-le tout net : l’Episode IX n’est pas un mauvais film. Il fait le travail. On passe un moment agréable car cela reste un spectacle familial avant tout. Mais l’empreinte qu’il laissera n’est (à mon sens) pas aussi remarquable que d’autres volets de la saga.

La guerre sur deux fronts

A sa décharge, Abrams n’a eu qu’un film pour à la fois “rattraper” le VIII et réorienter le IX sur un autre chemin. Et s’il y a bien un point sur lequel cela se ressent c’est le rythme effréné du film. On est typiquement devant une histoire où l’attention doit être de tous les instants. A aucun moment ou presque on prend le temps de se poser un peu pour digérer ce que l’on vient de voir auparavant. Et il se passe beaucoup de choses dans cet épisode IX. De nombreux événements loin d’être anodins se bousculent et défilent tellement vite que cela entraîne forcément une certaine frustration.

Le film fait deux heures et vingt deux minutes ce qui pour raconter une telle histoire est un bon format en soi. Mais cela n’a pas l’air d’avoir suffi pour caser autant de choses. Il existe vraisemblablement des scènes coupées et il est probable que la version longue doit être paradoxalement plus plaisante à regarder. Un simple quart d’heure supplémentaire de séquences accumulées pourrait peut être rehausser la note globale que je lui attribue. Et si ce film reste une conclusion correcte à la nouvelle Trilogie, il n’empêche qu’il n’est pas exempt d’autres défauts qui sont presque tous liés à ce problème récurrent de rythme trop rapide.

Si vous êtes arrivé.e jusqu’ici dans cet article, c’est que mon analyse vous emballe un minimum et que vous brûlez déjà d’impatience de découvrir la suite. Pour cela on va passer à la partie avec spoilers.

Partie Spoil

Pour faire dans le simple je vais vous énumérer les détails qui m’ont plu et déplu et le tout dans un ordre à peu près chronologique. J’alternerai entre récit et personnages pour mieux développer mon petit point de vue.

Vous êtes encore là ? Ok très bien alors on y va !

Générique : on nous balance comme cela tout net que l’Empereur Palpatine est vivant ! Pour rappel il était sensé avoir définitivement disparu à la fin du Retour du Jedi lorsqu’Anakin Skywalker revenu du côté Lumineux de la Force l’avait plongé dans un puits sur l’Etoile de la Mort.

Est-ce une facilité scénaristique ? Aucune trace du personnage dans les deux derniers épisodes, pas une évocation, rien. Et là d’un coup un seul il apparait dès le générique et presque dans les premières scènes qui suivent. Et pour enfoncer le clou il est accompagné d’une immense flotte de croiseurs stellaires possédant chacun le pouvoir d’annihiler une planète. Ce qui technologiquement est encore plus fort que les deux Etoiles de la Mort ou la base Starkiller.

Conclusion de cette introduction : il aurait fallu un film de plus pour narrer une telle histoire qui est trop grosse pour être digérée en seulement quelques minutes. Ce qui d’ordinaire faisait la force de Star Wars c’était justement la cohérence d’un ensemble de films combinée à une idée de génie : le générique déroulant au début de chaque nouvel épisode. Ce dernier permet à chaque fois de se passer entre chaque nouvel épisode de la moitié d’un autre film. Voire d’un long métrage tout entier.

Mais cela ne passe pas ici. Les cinq premières minutes du film donnent l’impression d’un spectaculaire virage à 180° pour remettre une histoire entière sur des rails qui d’ailleurs ne sont pas forcément les bons. En même temps après la disparition du grand méchant dans l’épisode précédent il fallait bien en faire émerger un autre pour constituer une intrigue conséquente. Mais le procédé imposé ainsi d’emblée parait léger. Ce qui est rédhibitoire dans un film d’un tel calibre.

Un traitement des personnages assez léger

Un peu plus loin dans le récit on voit revenir un autre vétéran de la franchise : Lando Calrissian. Mais il arrive presque comme un cheveu sur la soupe. Le comment il a atterri là est vite expédié et surtout on n’en saura encore moins sur les raisons qui l’ont poussé à rester si longtemps sur cette planète où se poursuit l’intrigue. Le personnage apparaitra à deux autres reprises dans le film mais cela tient plus de l’anecdote que d’un vrai second rôle.

En revanche le personnage de C3PO est plus présent qu’il ne l’était dans les deux précédents volets. Il apporte au passage dans le film une petite touche d’humour. Qui est d’ailleurs bien mieux dosé que dans Les Derniers Jedi. Les autres droides R2D2 et BB8 sont eux aussi de la partie même si leurs apparitions sont moindres et n’apportent guère de tournant décisif à l’intrigue. Décidément ce sont les épisodes d’introductions des trilogies qui leur ont offerts leurs meilleurs faits d’armes (la réparation du vaisseau dans le I, les plans cachés dans le IV pour R2D2, d’autres plans cachés dans le VII pour BB8).

Ce détail du récit avait fuité avant que le film ne sorte : la traîtrise du Général Hux. Relative déception : sa disparition est aussi brutale qu’expédiée. Cela est encore une fois lié au rythme du film qui impose ce genre de traitement minoré. Rôle un brin caricatural dans les précédents opus, son personnage aurait pu gagner en profondeur si seulement le film avait prit le temps de s’y attarder un peu. C’est dommage car l’idée de faire passer un des principaux antagonistes de la Trilogie d’un camp à l’autre était tout sauf une mauvaise idée.

Je passe le traitement accordé à des personnages comme Finn qui est clairement sous-exploité, celui de Poe qui reste décisif à défaut d’être développé… et celui de Rose qui a été littéralement dégommé d’une façon encore plus radicale que celle de Jar Jar Binks entre les épisodes I et II. Et pour ce qui est de Rey et Kylo Ren c’est encore autre chose.

La vision retoquée du concept de la Force

Passons à la suite : Rey et Kylo Ren vont être à nouveau confrontés lors de plusieurs duels. Dont un à distance. Ils ont en effet la possibilité de s’affronter sans être l’un et l’autre physiquement au même endroit. L’idée est plaisante et permet même l’introduction de quelques bons éléments narratifs pour faire avancer l’intrigue et qui resservira à un autre moment dans le film. Mais revenons à ces deux personnages.

La première renonce temporairement à devenir une Jedi et le second la traque à travers la galaxie pour pouvoir ensuite l’emmener devant Palpatine en échange d’un immense pouvoir en contrepartie. Et c’est là qu’intervient ce qui s’avère être vraisemblablement la plus grosse faute de goût de toute cette nouvelle trilogie : Rey est en réalité la petite fille de Palpatine himself. Mais quid des parents ?

Là encore l’affaire est expédiée : on aurait bien voulu avoir plus d’infos sur l’historique de cette autre famille chez qui la Force est puissante comme chez les Skywalker. Ce n’est pas qu’un détail du récit d’un seul film mais toute la structure scénaristique de la trilogie qui prend alors du plomb dans l’aile.

Ce que l’on voyait dans l’ultime plan des Derniers Jedi ne restera qu’une idée non aboutie, à savoir que la maîtrise de la Force n’est pas réservée qu’à des individus par rapport à d’autres. Et d’ailleurs aucun point de vue définitif ne pourra s’en dégager par la suite. Peut être l’occasion de donner du grain à moudre pour laisser libre cours aux futures spéculations et théories par les fans ultras?

La pirouette scénaristique est un peu légère. Il faut se rapprocher du final pour mieux la comprendre là aussi trop brièvement : les personnages de Rey et Kylo Ren forment depuis le début sans le savoir une sorte du duo mystique appelée une dyade. Si l’on résume grossièrement l’idée ce sont leurs pouvoirs associés qui peuvent détruire l’Empereur. Bref on a l’impression que le scénario cède un peu trop facilement à… la facilité ! Mais admettons.

Une émotion qui fonctionne encore

Autre spoil important mais qui est en revanche un grand moment du film : la mort de Leia. Cette dernière se sacrifie pour que son fils retourne vers la Lumière. Après avoir été vaincu par Rey puis sauvé par cette dernière, l’iconique princesse d’Alderran s’éteint.

Assurément un des plus beaux moments d’émotion du film. On ne peut s’empêcher de penser à l’actrice Carrie Fisher décédée en 2016 juste après le tournage du film précédent. L’émotion à ce moment-là fonctionne à plein. Cette séquence relève considérablement le niveau global du film. Et c’est tant mieux car louper cela aurait été très difficilement défendable.

Des facilités un peu grosses

Là où en revanche on va être beaucoup plus critique c’est sur le dernier tiers du film. On y voit s’accumuler trop de facilités mises bout à bout. Et cela encore et toujours à cause de ce fichu rythme. Je vous mentionne ici les plus notables.

On trouve donc pêle-mêle des situations comme retrouver presque intacte une ancienne salle du trône censée avoir été incinérée par explosion, refaire fonctionner un vaisseau spatial qui a passé on ne sait combien de temps sous la mer en quelques minutes ou encore éliminer avec trop de simplicité des guerriers de premier choix… Tout cela restera comme des facilités trop grosses qui ont du mal à passer.

Mais ironiquement cela passe ! Car on n’a pas le temps d’y réfléchir sur le coup ! Et puis la magie opère quand même notamment grâce à la Force qui ne permet pas toujours d’expliquer certaines choses… A contrario l’idée d’introduire la faculté de régénérer un corps (le clonage de Palpatine) ou de guèrir une blessure mortelle (pour Kylo Ren/Ben Solo et Rey) sont de très bonnes trouvailles qui passent plutôt bien.

Une énième frustration qui se dégage du film est sans contexte la bataille finale qui se joue à la fois dans les airs entre deux flottes de combat et au sol avec le triangle Palpatine / Rey / Kylo Ren redevenu Ben Solo. Le point commun des deux ? Un aspect trop sombre, bien trop sombre qui fatigue vite plus qu’il ne fascine.

Cela reste spectaculaire pour le combat au sol. Mais c’est frustrant pour le combat aérien. De même l’apparition soudaine de la flotte alliée : prendre une simple minute de plus pour visualiser les différents types de vaisseaux et de peuplades n’aurait pas été de trop… De plus on aurait pu s’attendre à une vraie bataille rangée de toute beauté et gorgée de combats individuels, d’explosions de navires de toutes sortes, etc. Mais non cela sera vite expédié puisque toute la flotte maléfique sera mise à terre de façon bien manichéenne.

Un final déjà vu

La fin enfin. Cette dernière ne peut s’empêcher de reprendre des scènes déjà iconiques. Certes l’idée est là. Pas mauvaise. Mais on aurait aimé voir quelque chose d’autre qu’une séquence déjà vue de la contemplation du double coucher de soleil sur Tatooine. Luke et Leia apparaissent alors à cet instant sous forme spectrale regardant une dernière fois Rey.

Mais où est passé le reste de la famille ? Certes Han Solo apparait sous forme de vision à son fils un plus tôt et la scène est réussie. Mais ne pas avoir mis ni l’un ni l’autre (ou au moins un des deux) dans l’apparition spectrale finale est dommage. Il y aurait pu y avoir là un plan magnifique qui lui en revanche aurait fait date.

Opinion finale

Pour conclure c’est difficile de dire si on en ressort satisfait ou non. Alors oui beaucoup de choses dans cette œuvre m’ont déplu. Mais le film n’est pas raté pour autant. On ne passe pas un mauvais moment, on savoure même quelques situations et on apprécie de voir et revoir certains personnages qui restent iconiques et ce vraisemblablement pour la dernière fois.

C’est une première impression mais qui je pense est assez honnête. Je fais souvent des critiques de films sur ce site. Mais je ne prends pas beaucoup de risques car ce sont des films de mon Panthéon personnel qui comptent pour moi. Cela va de références incontournables dont je fais l’éloge ou des longs métrages moins connus que je souhaite mettre en valeur en vous les faisant découvrir ou redécouvrir.

Je reconnais qu’écrire cette critique s’est révélé plus hardi que d’ordinaire. Je l’ai réalisé quelques jours seulement après le visionnage du film. Et j’ai eu un peu de mal à cerner mon propre propos afin que ce que je narre ici reste cohérent et pertinent.

Mais même si mon opinion est et reste mitigée, il y a dans tout cela quelque chose de rassurant. Et qui est caractéristique des bons films. Même si tout n’est pas parfait et que toute fin n’est pas forcément consensuelle, on a qu’une envie : s’en repayer une tranche.

Bref on n’a pas fini d’en parler. Fan ou pas, allez-y quand même tant qu’il est dans les salles et pas qu’une seule fois. Ne serait-ce que pour mieux savourer un must cinématographique qui ne se résume heureusement pas à un seul film. Mais bien à toute une galaxie lointaine, vraiment bien lointaine.

E D I T H D E N A N T E S

+ d’infos sur le film https://fr.wikipedia.org/wiki/Star_Wars,épisode_IX:_L%27Ascension_de_Skywalker

MAJ 07/04/2020 :

Non non et non! Je retire tout ce que j’ai dit. Avec du recul et après avoir revu les anciennes trilogies j’en conclus que SW IX est raté et toute la dernière trilogie un lamentable échec ! Fuyez !