“Yesterday” [2019]

Une comédie réjouissante à souhait et dont l’idée de base est aussi simple que cocasse : et si les Beatles n’avaient jamais existés ?

Une histoire singulière

Cinéaste percutant dès ses débuts (Petits Meurtres entre Amis et surtout Trainspotting), un peu moins inspiré ensuite (La Plage, Sunshine) jusqu’à la consécration internationale (Slumdog Millionnaire), le réalisateur britannique Danny Boyle nous offre avec Yesterday une comédie romantique sur fond d’uchronie où les quatre de Liverpool sont désormais inconnus des pages Wikipédia.

Sans pour autant vous ôter le plaisir de regarder Yesterday, il faut savoir qu’il n’est pas impossible même si cela n’a pas été formellement prouvé que cette histoire ait été plagiée sur une bande dessinée française et un manga japonais datant tous les deux d’une dizaine d’années avant la genèse de ce film.

Mais bon. Autant essayer de prouver que le vrai Paul Mc Cartney est mort en 1967 et que celui que nous connaissons actuellement n’est qu’un sosie (des conférenciers un brin complotistes mais réellement sincères dans leur démarche tournent de par le monde depuis des décennies pour défendre cette théorie…)

Côté rythme on ne s’ennuie pas un instant. Tout comme son personnage principal Jack Malik (Himesh Patel), on est porté de bout en bout par cette histoire qui nous dépasse tant les choses vont vite.

Se rendant compte suite à un accident qu’il est désormais la seule personne au monde à se souvenir de la musique des Beatles, Jack va alors se faire connaître très rapidement en interprétant une bonne partie du répertoire qu’il connaît bien en tant que musicien qui jusque-là n’arrivait pas à percer.

Pas de fausse note

Danny Boyle livre ici un bon film réalisé sans fausse note car il reprend la musique des Beatles non pour l’empailler mais plutôt pour la faire revivre de plus belle. A tel point que l’on danse plus d’une fois sur son siège ce qui est jouissif et plutôt bon signe. Pour ce qui est des titres plus mélodiques comme des ballades à la Let It Be ou The Long And Winding Road c’est en revanche un peu moins émouvant qu’on aurait pu croire. Mais cela n’enlève rien à la force de ces splendides titres ni au charme du long métrage.

Le film ne sombre pas non plus dans les méandres de la comédie romantique conventionnelle. Le duo que le personnage de Malik fait avec sa meilleure copine (interprétée par une Lily James tour à tout mutine et sensible) fonctionne à plein et leur complicité à l’écran est réciproque. Cela forme une seconde histoire jamais larmoyante et qui reste très crédible dans son déroulement narratif (et que je ne vous spoilerai pas ici).

A noter entre autres savoureux gags toujours liés à cette uchronie la participation d’Ed Sheeran dans son propre rôle. Il a du bien s’amuser lors de cette expérience. Ce dernier se moque en effet gentiment de lui-même, reconnaissant entre deux crises de jalousie naissante qu’il n’est pas au niveau du talent exceptionnel de Jack Malik. Et qu’il ne sera désormais juste utile que pour faire ses premières parties !

La bande son

En plus de la musique, de nombreuses références à l’univers des Beatles sont présentes et parfois sous des angles qui sont plus que des clins d’oeil : la ballade dans Liverpool en est un des exemples les plus représentatifs et ravira les fans hardcores notamment.

L’apparition touchante d’un John Lennon vivant en solitaire au bord de la mer (joué par un Robert Carlyle méconnaissable) est peut être d’ailleurs un des rares moments où le film ralentit pour proposer au héros et au spectateur un temps de réflexion non négligeable.

Une bande originale réinterprétée

Le film bénéficie également d’une excellente bande son qui reprend forcément les titres les plus emblématiques du catalogue du groupe et qui sont trop nombreux à vous narrer ici. Et on trouve en plus de ces incontournables classiques quelques titres moins connus qui donnent à l’ensemble un aspect moins best of (I Saw Her Standing There, Carry That Weight, In My Life).

Tous les titres sont interprétés par l’acteur Himesh Patel qui livre ici des performances très correctes qui raviront à la fois les fans et les néophytes. Eh oui ça existe aussi. Je sais que cela parait étonnant de dire cela mais le temps passant, les goûts changent aussi et même si elle incroyablement universelle et populaire, la musique des Beatles peut commencer à n’être plus perçue comme une évidence pour les plus jeunes générations.

Gageons que ce film pourra lever les éventuels doutes des personnes qui ne sont pas familières de cette musique qui est et restera désormais du classique au plus pur sens du terme. Au même titre que Mozart comme dirait Sheeran.

E D I T H D E N A N T E S

→ Article sur le potentiel plagiat (afin que vous puissiez vous faire vous-même votre propre idée) :
https://www.lesinrocks.com/2019/07/05/cinema/actualite-cinema/yesterday-le-film-sur-les-beatles-a-t-il-plagie-son-concept/

→ Lien Wikipédia sur le film
https://fr.wikipedia.org/wiki/Yesterday_(film,_2019)

“Piège de Cristal” [1988]

Premier volet de la série des films d’action à succès Die Hard et datant maintenant de trente ans, Pièce de Cristal n’en reste pas moins un pur plaisir jubilatoire lors de son visionnage.

Une masterclass de John Mc Tiernan

J’ai eu l’occasion de revoir ce film il y a peu et cela m’a remémoré une expérience vécue il y a quelques années de cela. C’était au festival Summer Camp de Nantes en 2016 : le réalisateur John Mc Tiernan avait été invité à l’occasion d’une masterclass où il faisait une présentation de son film dans le cadre de sa projection le soir même.

Cela m’avait permis de le voir sous un autre jour grâce à cette séquence. Et de vous narrer cela aujourd’hui dans ce petit papier que je ferai comme d’habitude quand j’écris un article : pas trop long et si possible percutant à point. Comme l’est Piège de Cristal.

Un film d’action qui prend le temps

Ce film a une particularité qui est devenue rare voire inexistante dans le cinéma d’action actuel : c’est son rythme. Ce dernier est en effet particulièrement bien dosé, l’intrigue ne se mettant en place que tout doucement et le déroulement du premier tiers est assez lent. Mais pas long. Nuance !

Avant que des films des années 90 comme Bad Boys ou The Rock de Michael Bay viennent définitivement mettre le film d’action hollywoodien typique sur des rythmes ultra rapides, ce premier volet de Die Hard est un sommet du genre car bien moins hystérique que les productions actuelles. Et surtout bien plus second degré dans un grand nombre de séquences qui mises bout à bout ont contribué à en faire un film culte.

On y trouve ce savant mélange d’action et d’humour mordant, cocktail détonnant servi par un Bruce Willis dont la carrière prendra véritablement son envol à partir de ce film. Auparavant habitué à des rôles de comédie où il n’était pas à son mieux (la série Clair de Lune), il trouve avec le rôle de John Mc Clane un personnage idéal de flic aux méthodes peu orthodoxes.

Un comportement volontairement énervant

Son attitude relativement désinvolte fait tourner la tête à tous ses adversaires, Alan Rickman en tête. Ce dernier campe ici un terroriste tour à tour inquiétant et redoutablement fourbe, passant de la courtoisie la plus charmante à la froideur la plus expéditive.

On n’a toujours pas parlé de l’histoire au passage : flic new yorkais fraichement débarqué à Los Angeles, Bruce Willis rejoint sa femme à une fête de fin d’année à son bureau (une tour moderne d’une quarantaine d’étages).

Surgit alors une bande de terroristes de l’ex-RDA (on est à la fin des années 80) dont les traits sont un peu caricaturaux (l’allemand qu’ils parlent entre eux est souvent intraduisible). Ces individus louches sont résolus à mener à bien une prise d’otages dans la fameuse tour. Mais toute cette belle mécanique va se gripper lorsque surgit le seul grain de sable possible : John Mc Clane.

Avec plus ou moins de finesse (la bombe balancée dans le puits d’ascenseur), il élimine un par un les gangsters et la plupart de leurs morts sont assez désopilantes à regarder. Il est à noter que la quasi-totalité des scènes d’action sont réalisées avec très peu d’effets numériques (il s’agit de vraies explosions et de vraies cascades).

Il mouille le marcel mais pas le reste

Petit truc à savoir : Bruce Willis se fera doubler dans toutes ses scènes d’action (même celle où il se retrouve dans la fontaine et où il ne se passe rien !) Je m’en excuse : ça va vous gâcher le mythe mais certainement pas le film ! Je ne vous spoile bien évidemment pas le final qui réserve quelques surprises. Et ce quand bien même on croit que tout va (enfin) se terminer.

Quatre suites suivront (deux réussies et deux autres moins). En général les spécialistes et les fans s’accordent à dire que 58 Minutes pour Vivre et Une Journée en Enfer sont les meilleures.

Mais rien ne sera plus vraiment comparable à Piège de Cristal, à tel point que le second de ces films se retrouvera à inclure une référence notable pour son intrigue. Je ne vous en dis pas plus si vous n’avez pas tout ou partie de ces films.

Yippee-ki-yay !

E D I T H D E N A N T E S

→ Lien Wikipédia sur le film
https://fr.wikipedia.org/wiki/Piège_de_cristal

Once Upon A Time In Hollywood [2019]

Si on comptabilise les deux Kill Bill comme deux films, Once Upon A Time In Hollywood est le dixième long métrage de Quentin Tarantino (contrairement à l’affiche officielle qui elle mentionne qu’il s’agit de son neuvième). Il est sorti au cinéma trois ans après Les Huit Salopards en 2016.

Encore une fois le réalisateur nous conte une de ces histoires originales dont il a le secret et qui est en lien direct avec son métier de cinéaste. Tarantino a toujours en effet eu un gros penchant pour parler dans ses films du cinéma et plus globalement du monde professionnel de l’image.

Il le fait soit de façon discrète comme la conversation entre John Travolta et Samuel L. Jackson sur les pilotes de séries télé dans Pulp Fiction ou celle entre les filles dans le restaurant dans Boulevard de la Mort. Soit de façon plus importante comme dans Inglourious Basterds où une partie entière de l’intrigue se déroule dans un cinéma d’époque en période de guerre sous l’Occupation.

Une tranche de vie

Ici Tarantino a choisi de nous délivrer une tranche de vie extraite du Hollywood de la fin des années 60, industrie cinématographique à part entière alors en pleine mutation tout comme la société américaine de l’époque qui est alors en plein flower power.

Son intrigue se concentre sur un duo en apparence un peu superficiel mais qui se révèlera comme un excellent ressort comique : une star de télévision un brin égocentrique qui commence à devenir sérieusement has been (excellent Leonardo DiCaprio) et son pote à tout faire un brin blasé de tout qui lui sert accessoirement de doublure cascades (désopilant Brad Pitt). Les deux comparses peinent à trouver leur place dans leur branche mais aussi dans un monde en évolution (ils n’apprécient guère le mouvement hippie qui est alors à son apogée).  

En parallèle on découvre par intermittence une seconde histoire introduite lorsque Rick Dalton (DiCaprio) s’aperçoit que son nouveau voisin immédiat n’est autre que Roman Polanski, alors jeune réalisateur en vogue et dont la femme de l’époque Sharon Tate (interprétée par une magnifique Margot Robbie) sera sauvagement assassinée ainsi que ses amis par des adeptes de la secte de la “Famille Manson” en août 1969.

Je ne vais pas plus loin car je risque de vous spoiler l’histoire si vous n’avez pas vu le film. Mais sachez d’avance que comme c’était le cas pour Inglourious Basterds, Tarantino s’est pris au jeu de réviser la vraie Histoire à sa sauce. Néanmoins cette technique n’enlève rien au cachet global du film et ce même lorsque le réalisateur prend ce tournant. Parti pris osé et qui a créé avant la sortie du film une petite polémique quand on connait la nature exacte de ces tragiques événements.

Un scénario bien ficelé truffé de gags savoureux

Once Upon A Time In Hollywood n’en reste pas moins un très bon film. Car il a été très bien écrit en amont, bien tourné et interprété par des acteurs au diapason habités par leur rôle : les deux héros notamment (chacun dans leur style) mais aussi les apparitions furtives des habitués de la bande à Tarantino comme Michael Madsen, Kurt Russel et Zoe Bell pour ne citer qu’eux. L’ensemble fonctionne à plein sans jamais lasser ou agacer.

Même si on ne connaît pas les tenants et aboutissants de cette sordide histoire, on peut néanmoins très bien apprécier ce film. La véritable histoire ne va servir que de trame de fond. En parallèle au récit principal, le film prend une seconde direction lors d’une intrigue qui va monter crescendo au fur à mesure des 161 minutes du film. Temps qu’on ne voit pas passer d’ailleurs tant son rythme est parfait. A l’inverse de la démesure sanguinaire d’un Kill Bill Volume 1, assurément le film le plus contemplatif depuis Jackie Brown sorti il y a tout juste vingt ans.

Cette comédie où les gags ne sont pas forcément là où on pense se déguste tout comme les héros se lâchent sur des cocktails très variés et pas que dans d’envoûtantes fêtes mondaines. A noter au passage la superbe séquence de la fiesta au Manoir Playboy (où apparait notamment un Steve McQueen désabusé interprété par Damian Lewis). Cette dernière est un instantané parfait de cette époque folle alors encore en pleine insouciance. Il s’agit entre autres d’une des meilleures images qui restent de ce film quand on y repense bien après.

Pas de spoil mais des liens

Je vous mets en lien quelques informations concernant les faits mentionnés dans l’article afin d’en savoir plus sur les tragiques événements dont s’est en grande partie inspiré le film. Comme précisé juste avant ces derniers peuvent en partie vous spoiler ce long métrage si vous ne l’avez pas encore vu.

A l’inverse vous pouvez aussi vous renseigner sur ces faits pour (entre guillemets) en apprécier les subtilités lors du visionnage de Once Upon A Time In Hollywood. Mais je vous aurai prévenu : âmes sensibles s’abstenir.

E D I T H D E N A N T E S

→ Lien wikipédia sur le film
https://fr.wikipedia.org/wiki/Once_Upon_a_Time…in_Hollywood

→ Informations sur l’assassinat du 9 août 1969 perpétré par des membres de la Famille Manson
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sharon_Tate#Assassinat_par_la_«Famille»_Manson

→ Article sur Jackie Brown sur E D I T H D E N A N T E S
https://edithdenantes.com/index.php/2019/09/23/jackie-brown-1997/

“Indiana Jones et la Dernière Croisade” [1989]

Troisième volet des aventures de l’archéologue le plus célèbre du cinéma après L’Arche d’Alliance et Le Temple Maudit, Indiana Jones et la Dernière Croisade fait partie de ces rares films dont une des suites est égale sinon meilleure que le premier épisode.

Deux types de films

Steven Spielberg est réputé pour faire deux genres de cinéma. Le premier est celui dit sérieux : c’est celui où il a réalisé notamment des mélos très durs (La Liste de Schindler, Munich…) et des films de guerre (Il Faut Sauver le Soldat Ryan, Cheval de Guerre) et qui sont pour la plupart basés sur des histoires vraies. 

Le second est celui de l’entertainement, c’est-à-dire en créant du divertissement sur fond d’Histoire (1941, les Indiana), de science-fiction (E.T, Jurassic Park, Read Player One), de suspense (Duel, Les Dents de la Mer) ou d’aventure (Hook). Tous ces films ont pour point commun d’être des grands films qui ont marqué leur époque, tant par leurs récits respectifs que par leurs succès au box office.

La Dernière Croisade n’y fait pas exception et remporte haut la main la palme du divertissement familial car tous les éléments sont réunis pour un film qui détonne : de l’action bien dosée, du suspense, de l’humour, un zeste de romance, le tout sur fond d’entre deux guerres à la fin des années 30. Enfin il traite de la quête d’un artefact religieux de portée universelle d’une valeur inestimable : le Graal.

Une symphonie

Autre élément fondamental du long métrage : son rythme. L’action est menée tambour battant et même les quelques ralentissements se mettent en place comme des variations dans une symphonie. Car Spielberg se fait ici le chef d’orchestre d’une musique qui défile sans jamais paraître redondante.

Bien des années plus tard Spielberg confiera lors d’interviews données pour la promotion de son Tintin (coréalisé avec Peter Jackson) qu’il dévorait des bandes dessinées européennes lors du tournage du premier volet des aventures d’Indy. Et parmi ces dernières se trouvaient justement des tomes des meilleurs Tintin. La force d’Hergé son auteur avait été de toujours créer des histoires originales bien entendu. Mais aussi de parvenir tout au long de chaque épisode à créer une sorte de structure rythmique qui tenait en haleine (et pas que lors d’épisodes en deux parties comme Rackham ou Lune).

Dosage parfait

Il n’est pas surprenant de voir que Spielberg a su parfaitement digérer cela dans nombre de ses films d’entertainement. Pour produire des copies passionnantes à regarder, jamais ennuyeuses, toujours captivantes de bout en bout et par-dessus tout gorgées d’humour, tant dans ses scènes d’action (ici les scènes de poursuites en train, bateau, moto, avion et tank) que dans ses punchlines (“Elle parle en dormant” ou encore “Moi ça m’arrive tout le temps que l’on veuille me tuer“).

Toutes les citer ici prendrait trop de temps. Mais la dernière que j’ai mentionnée résume bien l’état d’esprit de l’univers des Indiana et le lien jubilatoire entre Harrison Ford qui l’interprète et son père campé par un Sean Connery tour à tour royal de flegme lors des situations les plus périlleuses ou irrésistible dans quelques tirades des plus judicieusement interprétées. Et cela n’empêche pas enfin de voir un fugace instant dramatique, furtif mais nécessaire, où les deux évoquent le tendre souvenir d’un être cher perdu il y a fort longtemps…

Bon allez dépêchez-vous de le voir sinon je vous le sploile !

E D I T H D E N A N T E S

→ Lien Wikipédia sur le film
https://fr.wikipedia.org/wiki/Indiana_Jones_et_la_Dernière_Croisade

“Shaun Of The Dead” [2004]

Comment décrire cette curiosité cinématographique sans en rigoler au préalable ? A sa simple évocation il est en effet difficile de ne pas se réjouir d’avance lorsque l’on a déjà eu l’occasion de voir ce film. On va voir cela ensemble.

Un cocktail détonnant

Mélange improbable de comédie amoureuse et de film de morts-vivants, Shaun of The Dead a été un des films surprise du box office 2004. Déjà quinze ans ça ne rajeunit personne et surtout pas moi. Mais en tout cas même quinze plus tard cela fait toujours autant plaisir à voir.

Ce film fut à la fois un succès public et critique et est considéré désormais comme un standard des meilleurs films d’horreurs réalisés sur les morts-vivants. Cela doit beaucoup au talent d’écriture de ses auteurs qui ont su y insuffler un humour tordant au servive d’un récit très bien rythmé où on ne s’ennuie pas un instant.

Coscénarisé par les deux meilleurs potes du monde, Simon Pegg et Nick Frost, et réalisé par Edgar Wright, Shaun of The Dead est tout simplement un petit bijou d’humour absurde à l’anglaise distillé dans un film où l’impossible se produit (le retour des morts vivants). A moins que cela ne soit l’inverse : un énième film d’épouvante comme on en a vu des dizaines mais dont l’humour décapant et le comique de situation parviennent à en faire un standard décidément pas comme les autres.

Il y a du réel génie dans l’esprit des scénaristes qui sont également les acteurs principaux du film. Simon Pegg interprète Shaun, employé de boutique dont la vie hésite toujours entre sa copine et son meilleur pote un brin envahissant (l’irrésistible Nick Frost).

Un jour tout change!

Tout change le jour où à la suite d’une énième bourde sa copine le largue. Car c’est aussi le moment où les morts vivants décident de venir semer leur zone dans le quotidien de Shaun. Et qui ne réalise pas immédiatement ce qui se passe…

S’ensuivent alors une série de gags tous plus mémorables les uns que les autres. Attention je vous spoile là un. Il s’agit de la scène où ils doivent trier des disques vinyles qui leur servent d’armes improvisées pour esquinter les zombies : c’est personnellement une de mes favorites et cela symbolise assez bien l’humour décalé qui caractérise tout le long métrage.

Pour celles et ceux qui aiment bien le côté gore de ce genre de production, sachez que vous aurez aussi votre dose de flippe. Le côté subtilement inquiétant d’autres séquences du film vient toujours rappeler que la situation peut déraper à tout moment. Et que personne n’est certain de s’en sortir au finish.

La Trilogie Cornetto

On ne vous en dit pas plus si vous n’avez jamais vu ce film dont deux fausses suites sortiront après et élaborées là aussi sur un mix entre les genres (Hot Fuzz en 2007 et Le Dernier Pub avant la Fin du Monde en 2012). Ce coup-ci il s’agira de marier dans le premier le film de flics avec le thriller, et la science-fiction avec le film de potes dans le second. So British !

Petit détail supplémentaire ces films composent une trilogie qui a été surnommée la Trilogie Cornetto car des références à cette marque de glace apparaissent toujours à un moment ou à un autre dans les trois films. Et quand les personnages ne s’en enfilent pas au cours du film, cela peut se manifester par un sachet qui vole au vent à la toute fin d’un autre.

That’s all folks !

E D I T H D E N A N T E S

→ Lien Wikipédia sur le film
https://fr.wikipedia.org/wiki/Shaun_of_the_Dead

“Jackie Brown” [1997]

Jackie Brown est le troisième film de Quentin Tarantino, l’enfant terrible du cinéma américain, auteur de films notables comme Pulp Fiction réalisé juste avant (Palme d’Or Cannes 1994), le diptyque Kill Bill ou encore plus récemment Django Unchained et Once Upon A Time In Hollywood (sorti à l’été 2019).

Toute la filmographie de Tarantino est composée de récits élaborés autour d’histoires un tantinet sanglantes sur fond de thriller (Reservoir Dogs, Pulp), de vengeance (les Kill Bill) et de traque (Boulevard de la Mort). Mais aussi d’excursions dans le film de guerre (Unglorious Basterds), le western (Django), le huit clos (Les Huit Salopards) ou dans la pure tranche de vie (le dernier en date Once Upon A Time In Hollywood). Ce dernier est d’ailleurs sans contexte celui qui se rapproche le plus de celui qui nous intéresse aujourd’hui.

Le film le plus contemplatif du cinéaste

Il est en effet un film qui se distingue du lot : Jackie Brown sorti en 1998. Adapté du roman Punch Créole d’Elmore Leonard, il s’agit là aussi d’une trame construite sur une base de thriller. Mais l’ensemble est sensiblement différent des autres films de Tarantino pour les deux raisons qui suivent.

La première c’est qu’il s’agit là dans la forme du film le plus contemplatif de toute l’œuvre du cinéaste. Ici point de chorégraphie sanguinaire comme dans le final de Kill Bill 1, de longues montées en pression palpable (la scène de la cave d’Unglorious Basterds) ou encore de fusillades mémorables à la Django Unchained

Je ne vais point vous spoiler ce splendide film pour celles et ceux qui ne l’auraient pas vu (ou pour tout.e cinéphile qui l’a vu un jour mais qui ne s’en souviendrait pas eh oui ça arrive il a quant même plus de vingt ans). Mais sachez d’ores et déjà que la seconde raison pour laquelle ce long métrage mérite son qualificatif est le fond même de l’histoire.

Un hommage à la Blaxploitation

Tarantino filme ici une romance en devenir, celle entre Jackie et le prêteur sur gages Max Cherry. C’est cette trame qui fait du film une histoire vraiment différente du reste de l’œuvre tarantinesque. Ce rôle de privé un brin lassé de la routine habituelle est campé par Robert Forster (légende de films de série B que Tarantino collectionne religieusement). Ce personnage qui est le parfait coéquipier de Pam Grier à l’écran hésite à se donner une seconde chance de vie plus paisible en la personne de Jackie.

Tarantino livre ici un film hommage à la Blaxploitation, mouvement phare de la contre-culture cinématographique afro-américaine des années 1970. Cette dernière avait pour particularité principale de faire des films quasi uniquement avec des acteurs et actrices noir.e.s en réaction au tout puissant establishment d’Hollywood qui à cette époque ne montrait que rarement et/ou dans des rôles mineurs des personnes de couleur.

Casting quatre étoiles

En plus d’avoir adapté le livre de Leonard, Tarantino a proposé le rôle titre de Jackie Brown à Pam Grier, actrice et chanteuse star de la Blaxploitation. Elle trouva au passage un second souffle à sa carrière grâce à ce rôle de femme forte qui essaye de s’en sortir en esquivant tous ceux qui la guette au tournant : gangsters et flics bien entendu… mais aussi une forme de vie qu’elle souhaite définitivement quitter pour plus d’épanouissement personnel.

Autre légende vivante qui joue ici un rôle secondaire aussi inattendu qu’irrésistible : Robert de Niro himself qui interprète Louis, pote de taule et homme de main d’Ordell, le méchant de l’histoire joué par un Samuel L. Jackson plus inquiétant que jamais en trafiquant d’armes qui tente une dernière affaire avant de se ranger.

Et on a droit à une séquence mémorable entre la petite amie de ce dernier joué par Bridget Fonda et De Niro. Cette scène arrive comme un cheveu sur la soupe au beau milieu de l’intrigue et vaut le détour. Je n’en dis pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir.

Enfin et pour ne rien gâcher à la fête il faut souligner la très bonne bande originale (comme souvent) concoctée par son réalisateur. Il s’agit en majorité de petites pépites soul et funk des années 70 à 90 et qui collent parfaitement à l’ambiance du film. Même si la musique n’a pas de couleur de peau, cela contribue de faire de Jackie Brown définitivement un grand film noir. Au sens littéral du terme.

E D I T H D E N A N T E S

→ Lien Wikipédia sur le film
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jackie_Brown

→ Un autre sur la Blaxploitation
https://fr.wikipedia.org/wiki/Blaxploitation

→ Article sur Once Upon A Time In Hollywood sur E DI T H D E N A N T E S
https://edithdenantes.com/index.php/2019/10/11/once-upon-a-time-in-hollywood-2019/

“Rocketman” [2019]

Entraperçu pour la première fois juste avant la projection de Bohemian Rhapsody en octobre 2018 sous la forme d’une bande annonce assez psychédélique, Rocketman faisait d’office très plaisir. Mais cela faisait également un peu flipper. Comment faire un biopic du vivant de Reginald Dwight, plus connu sous le pseudonyme d’Elton John, sans pour autant tomber dans une version forcément voulue et validée par son génial inspirateur ?

Un projet de biopic de son vivant

Pour la petite histoire, Rocketman (qui signifie l’homme fusée) est le titre d’une des meilleures chansons et aussi le nom du label d’Elton John, extraverti introverti qui malgré quelques errances a su s’assagir pour pouvoir un jour contempler de son vivant cette œuvre qui ne cache rien de ses addictions passées. Il avait laissé quasiment carte blanche au réalisateur Dexter Fletcher pour ne pas entraver le projet. Et il a beaucoup apprécié le résultat final lors du visionnage à Cannes en 2019.

C’est ce dernier qui réalisa aussi (avec Bryan Singer) Bohemian Rhapsody. Ce film fut accueilli avec un brin de déception par une partie de la critique et des fans car le biopic sur Freddy Mercury et Queen avait été pensé et réalisé d’une façon un peu trop lisse dans le développement de sa dramaturgie.

On ne vous cache rien ou presque

Cette fois-ci il s’agit d’une vision sensiblement différente puisque le sujet n’est pas traité de la même façon. Sur la forme Rocketman lorgne plus vers la comédie musicale que le biopic au sens strict.

Sa trame est centrée sur la vie d’Elton John, de son enfance compliquée à son ascension fulgurante de sa première partie de carrière (le film se concentre surtout entre 1969 et 1983). Et il n’occulte ni ses frasques, ni sa sexualité et tout ce qui en général n’est pas vraiment abordé dans une oeuvre à la gloire de quelqu’un.

Film à chansons donc où ces dernières sont interprétées avec brio par celui que l’on avait déjà entendu chanter “I’m Still Standing“dans Tous en Scène, film d’animation très réussi sorti en 2017 où une troupe d’animaux poussaient de la voix en reprenant des dizaines de tubes populaires dont ce dernier. Associé à une ressemblance physique assez crédible du Elton John jeune, la performance de Taron Egerton (vu dans les King’s Men) est pour sa part convaincante.

Sans temps mort, passant de la douce folie des titres interprétés tambour battant à des séquences d’émotion plus poignantes, le film est bien évidemment l’occasion de voir défiler dans une sorte de best of les meilleurs tubes du répertoire de cette légende de la pop music au sens respectable du terme.

Une carrière hors normes

La carrière d’Elton John a commencé en 1970 avec un titre qui devient plus tard un morceau très prisé par la communauté LGBT, la ballade douce-amère “Your Song” premier succès de la légendaire collaboration avec Bernie Taupin, son parolier avec lequel une très grande amitié se nouera. C’est d’ailleurs de cette relation que découlent plusieurs des meilleures scènes du film. Une relation aussi sincère que vitale, ponctuée de quelques passages à vides mais toujours renouvelée.

Dans la foulée de ses premiers succès la décennie des seventies s’avérera la plus favorable comme Elton le déclarera plus tard. En effet “Your Song” sort seulement six mois après la séparation des Beatles. Et John Lennon de dire à l’époque que ce que faisait ce petit myope timide était “le meilleur truc après nous“. C’est flatteur.

Très vite il accumulera les tubes mais aussi les excès en tous genres, sa vie privée étant chaotique en raison de doutes profonds liés en partie à un manque d’affection parentale et surtout sur sa sexualité avec laquelle il mit un certain temps à s’affirmer.

Cela nous rappelle à quel point la vie reste parfois difficile et que même très entouré(e) on peut se sentir très seul(e). Bon film donc.

Ah oui j’allais oublier : à ne pas voir dans sa version adaptée pour le cinéma russe. En effet des scènes entières qui ne cachent rien de l’homosexualité du chanteur ont été purement et simplement retirées en raison de leur connotation sulfureuse pour le public local. Comme quoi il reste du chemin à faire. Même quand on vend quelque chose sur un nom reconnu on n’est pas forcément sûr de marquer le coup.

Qu’importe. Le “Crocodile Rock” ne s’est jamais aussi bien porté.

E D I T H D E N A N T E S

→ Lien Wikipédia sur le film
https://fr.wikipedia.org/wiki/Rocketman_(film)

→ Lien Wikipédia biographie d’Elton John
https://fr.wikipedia.org/wiki/Elton_John

Critique film “Les Crevettes Pailletées”

Analyse du film “Les Crevettes Pailletées” de Cédric Le Gallo et Maxime Govare sorti en mai 2019.
Attention spoilers à partir de 04:00!

Aujourd’hui nous vous proposons cette petite analyse du film “Les Crevettes Pailletées” de Cédric Le Gallo et Maxime Govare sorti en mai 2019. Comme d’habitude nous vous proposons un article de fond et une vidéo explicative en complément à la fin de celui-ci.

Une comédie dramatique sur la communauté LGBT

Le pitch du film est le suivant : un champion de natation se fait épingler suite à des propos homophobes par sa fédération qui lui impose alors un travail d’intérêt général afin de faire amende honorable. Et la peine en question est originale : entraîner une équipe de waterpolo masculine dont les membres sont tous ouvertement gays (et il y a également un queer à tendance travesti dans la team).

L’objectif final de cette équipe est d’aller aux Gays Games qui se déroulent presque au même moment à l’autre bout de l’Europe en Croatie. Alors pour info ces Jeux existent vraiment. Ce n’est pas une idée de scénario propre à ce long métrage : ils sont organisés depuis 1982 tous les quatre ans comme les Olympiades. A l’origine destinés uniquement aux athlètes LGBT, ils sont également ouverts à tous et fonctionnent comme leur grand cousin avec épreuves, remises de médailles, etc.

Disons-le tout de suite : ce film ravira les aficionados de comédies poilantes mais divisera le public LGBT qu’il est sensé mettre en valeur. Bonne comédie populaire où l’on se marre quand même pas mal, on n’en reste pas moins un peu sur sa faim tant trop de situations sont rapidement expédiées et le traitement des personnages étant la plupart du temps un brin bâclé. Et non ce film ne surfe pas sur le succès du Grand Bain sorti fin 2018 plus de six mois avant. En effet le tournage des Crevettes… était déjà bien avancé lorsque le film de Gilles Lellouche bénéficiait déjà lui d’un montage achevé.

Un cahier des charges un peu casse-gueule

Les Crevettes Pailletées est un feel-good movie qui remplit toutes les cases divertissement (des vannes, du rire, des rebondissements, etc.) d’un cahier des charges forcément un peu casse-gueule. Car quand on touche à une minorité on s’expose de facto à des analyses beaucoup plus attentives afin de vérifier que l’oeuvre n’heurte pas les principes qu’elle est censée mettre en avant. C’est déjà méritoire que d’avoir fait ce film. On ne peut pas retirer cette initiative à son duo de réalisateurs car après tout il s’agit d’une bonne histoire sur des thèmes de société qui sont plus que jamais d’actualité en 2019.

Là où c’est un brin dommage c’est le traitement réservé à la plupart des histoires personnelles des acteurs. Ces intrigues sont en effet survolées et auraient méritées qu’on s’y attarde un peu plus : le couple d’hommes et la relation à leurs enfants, la relative solitude du queer (dont on ne sait pas vraiment si elle est un travesti ou une transgenre) qui cependant n’hésite pas à aider son pote qui lui a renoncé depuis longtemps à l’amour, l’épanouissement soudain d’un autre et qui confond vraisemblablement de par son manque d’expérience les codes entre homosexualité et travestissement lors d’une scène (néanmoins réussie) dans une taverne où tout le monde chante en chœur…

Quelques stéréotypes classiques

On grince un peu des dents presque dès le début lorsque l’on se retrouve comme trop souvent face à une ribambelle de clichés plus ou moins discutables : les hommes gays sont forcément des fêtards invétérés qui ne pensent qu’à ça, les lesbiennes sont toutes bâties comme des camionneuses, rustres à souhait et pas montrées sous leur meilleur jour (bon certes c’est une scène de compétition acharnée qui se passe dans une piscine mais cela n’empêchait pas d’en faire quelque chose de sensiblement différent).

Alors oui dans ce genre de film il faut forcément accentuer les traits pour agir de façon efficace sur les ressorts propres de ce qu’est une comédie. Mais bon des fois on ne sait plus trop si cela doit nous faire rire ou juste sourire. Le final en est le symptôme type : ce dernier est lui aussi un peu vite expédié. Malgré le côté dingue de la scène, cette dernière n’est pourtant pas l’image marquante qui restera du film après visionnage.

Il existe peut être une version (je n’ai pas vérifié à l’heure où j’écris ces lignes) où quelques scènes supplémentaires permettent de mieux approfondir les personnages et donc de facto certaines situations. A confirmer lors de la sortie du film en DVD/Bluray.

Bref il ne s’agit pas d’un mauvais film et vous ne passerez pas un mauvais moment en allant le voir. Au contraire il vous fera plutôt bien marrer. Seuls quelques rabats-joies comme moi apporteront une petite nuance car en tant que personne un brin LGBT sur les bords c’est tout de même notre quotidien qui est dépeint dedans. Donc même si cela n’est pas le but, cela peut quand même faire rire jaune.

Attention spoilers à partir de 04:00!

E D I T H D E N A N T E S

+ d’infos sur ce film
https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Crevettes_pailletées

+ d’infos sur la Transidentité
https://fr.wikipedia.org/wiki/Transidentité

+ d’infos sur les moeurs et la communauté lgbt
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lesbiennes,_gays,_bisexuels_et_transgenres

→ vidéo “Critique Film “Girl” [2018]”
https://www.youtube.com/watch?v=M5nONxSCrwM

→ Vidéo Présentation Chaîne vidéo (Version Courte)
https://www.youtube.com/watch?v=DCrlVIyW7gk

Critique Film “Girl”

Analyse du film “Girl” de Lukas Dhont sorti en 2018 et présenté lors du Festival de Cannes 2018 dans la sélection Un Certain Regard. Nous vous proposons ici un article de fond et une vidéo explicative en complément à la fin de ce dernier.

Rarement on aura filmé la transidentité sous cet angle et ce n’est pas souvent qu’une telle interprétation n’aura suscité autant d’éloges. “Girl” est un bon film, un très bon film même mais il faut bien se mettre à l’idée que cette histoire particulièrement dure peut rebouter plus d’un(e) cinéphile averti(e). Explications.

Un sujet fort et des acteurs qui jouent au plus juste

Girl” raconte l’histoire de Lara, jeune femme transgenre qui poursuit deux objectifs principaux tout au long du film : devenir danseuse classique au sein d’une école de danse spécialisée et accélérer son processus de transition pour passer d’homme à femme.

En plus d’un physique relativement androgyne qui lui a permis d’être crédible dans son rôle de femme transgenre, le jeune acteur belge Victor Polster interprète brillamment son personnage à tel point qu’on est complétement soufflé.e par cette ambivalence permanente qui nous fait oublier l’homme derrière la femme. C’est impressionnant de livrer une telle performance à un âge aussi précoce (il n’avait que 17 ans lors du tournage) et sa prestation lui a valut (tout comme le film) plusieurs prix et récompenses dûment mérités.

Sans entrer dans le développement de l’intrigue (voir la vidéo pour plus d’infos), on peut vous prévenir qu’il s’agit-là d’un drame pur et dur, réalisé de façon très classique et de façon quasi contemplative. Pas de musique, pas de scène d’action, peu de dialogues, une caméra qui filme souvent assez près des corps, des jeux de regards qui ont disent plus que de longs échanges, de longs plans avec des acteurs qui discutent souvent avec un interlocuteur situé hors champ… Voici quelques uns des figures de style qui parcourent ce film à la beauté aussi simple que clinique.

Une réalisation au service de l’histoire

Souvent froide, dépouillée, la réalisation n’en est pas moins au service de cette histoire à la fois troublante et terriblement humaine (la relation père/enfant est sublimée par des acteurs filmés jusqu’au tréfond de leurs âmes plus ou moins malmenées tout au long du récit). Rien de larmoyant, rien de sensationnel, juste des sentiments et des ressentis infiniment touchants.

Plusieurs scènes sont difficiles à voir et on souffre pour le personnage de Lara qui apprend à la fois la vie en se prenant des coups (une souffrance physique particulièrement dure, une frustration amoureuse, une scène d’humiliation…) jusqu’à son dénouement que nous ne vous dévoilerons pas ici (attention nous en parlons largement en fin de vidéo si vous souhaitez la regardez).

On vous recommande chaudement ce film, que vous soyez transgenre ou non. Car bien au delà de cette histoire de mœurs LGBT, il s’agit bel et bien d’une ode à l’amour, à la famille, et par dessus tout, à la vie. Vous devrez néanmoins juste bien savoir où vous mettez les pieds en allant le voir et il est peut être nécessaire de se réserver un petit temps de réflexion après l’avoir vu. Vraiment. C’est en effet le genre d’œuvre dont on ne sort pas complètement indemne à la fin…

Pour ce qui de notre analyse vidéo qui accompagne cet article sachez que nous dévoilons des éléments clés de l’intrigue à partir de 05:08!

Quelques coupes dans la narration de la vidéo sont visibles par instants.
C’est normal : avez-vous déjà essayé de parler tout(e) seul(e) pendant plus de 35 minutes d’un sujet unique sans vous égarer? Et de ne retenir que les 17 minutes de blabla les plus cohérentes?

E D I T H D E N A N T E S

+ d’infos sur ce film
https://fr.wikipedia.org/wiki/Girl_(film,_2018)

+ d’infos sur la Transidentité
https://fr.wikipedia.org/wiki/Transidentité

+ d’infos sur les moeurs et la communauté lgbt
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lesbiennes,_gays,_bisexuels_et_transgenres

→ vidéo Critique Film “Les Crevettes Pailletées” [2019]
https://www.youtube.com/watch?v=9ePbIoPRKw8

→ Vidéo Présentation Chaîne Vidéo (Version Courte)
https://www.youtube.com/watch?v=DCrlVIyW7gk